Un sujet fleuve, à épisodes, technique, compliqué, polémique, politique.
Je vais essayer de résumer et d'y voir clair:
En mai 2010, la dette de l'état grec était de 310 milliards d'euros détenus par des investisseurs privés. Elle se montait à 120% du PIB et le déficit public représentait 13,6% du PIB. Le FMI et la zone euro, avec le Fonds de stabilisation EFSF créé pour l'occasion, aident la Grèce à hauteur de 110 milliards d'euros (dont 27 milliards d'euros pour le FMI). C'est le premier plan de sauvetage.
A partir de mai 2010 la BCE commence à acheter les emprunts d'état et obligations privées de la Grèce et des autres pays de la zone. En février 2012, on sait que 219 milliards d'euros d'emprunts ont été achetés ainsi, qui sont en principe "stérilisés". La stérilisation consiste pour la BCE à faire en sorte que ces achats ne constituent pas une impression de billets. Les emprunts grecs achetés par la BCE de cette façon représenteraient 66 milliards d'euros (estimation JP Morgan).
Dans le même temps, la BCE assouplit ses règles pour accepter les emprunts grecs comme collatéraux quand elle prête aux banques. Dans ses deux dernières opérations de prêt à long terme (LTRO) en décembre 2011 et février 2012 portant sur près de 500 milliards d'euros chacune, elle accepte même les obligations privées comme collatéraux. Ainsi la BCE détient-t-elle des emprunts grecs directement, mais aussi sous forme de collatéraux, dans une sorte d'écheveau dont la transparence n'est pas optimale.
Février 2012: la dette de l'état grec se monte à xxx (les sources divergent) milliards d'euros. Un accord de restructuration de cette dette prend forme, avec une aide sous forme d'un nouveau prêt de 137 milliards d'euros, dont le FMI fournira 28 milliards d'euros, lié à la mise en œuvre effective de coupes budgétaires. Cet argent ira pour 40 milliards d'euros à recapitaliser les banques et assurances grecques. 30 milliards d'euros serviront à faire accepter un montage de swap compliqué à la majorité des détenteurs privés: Il s'agit d'une reconduction de la dette grecque sur une longue durée avec un intérêt qui croîtra au fil du temps, et qui demande à ces détenteurs privés d'accepter une perte de valeur de 53,5% sur la valeur nominale des emprunts. Ainsi 59 milliards d'euros serviront effectivement à réduire la dette grecque détenue par le privé. Elle deviendra alors détenue en majorité par les institutions publiques. L'endettement a changé de mains, mais en fait il demeure: à fin 2012, la dette grecque devrait représenter yyy (je ne trouve pas l'info) milliards d'euros, soit 161% de son PIB. Cependant cet accord représente un effort de solidarité, de l'Europe et du monde, destiné à éviter une faillite des institutions grecques, et à garantir la stabilité de la zone euro.
Le blog Euro Crisis (en)
Article de Bloomberg (en)
Le blog Coulisses de Bruxelles (fr)
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