Dans un univers parallèle, votre apprenti économiste a invité les grands penseurs de l'économie à discuter de la crise de l'euro.
AE: Monsieur Turgot, monsieur le baron, merci d'être venu.
A.R.J. Turgot: Je suis heureux de participer.
AE: Monsieur Turgot, le 24 août 1774, vous fûtes nommé contrôleur général sous Louis XVI, alors que le pays était au bord de la faillite. Comment avez-vous rétabli la situation?
A.R.J. Turgot: Ma formule était: "Pas de faillite, pas d'augmentation d'impôts, pas d'endettement nouveau". J'ai fait économiser l'état, supprimer les sinécures. Je suis intervenu pour limiter les générosités du roi envers ses clients. J'ai fait réformer le système des retraites, les croupes, ainsi que le monopole d'état sur la poudre à canon et les diligences. En administrant mieux, en maîtrisant le budget de l'état, nous sommes parvenus à réduire le déficit public et à restaurer la confiance des banquiers en seulement deux ans. Nous avons même supprimé quelques impôts et octrois. Mais je me suis fait beaucoup d'ennemis...
AE: Que pensez-vous de ceux de nos candidats qui proposent aujourd'hui d'augmenter la fiscalité?
A.R.J. Turgot: C'est une erreur. Cela représente une régression. Voudriez-vous réintroduire la corvée pour employer les jeunes chômeurs ? Ou encore rétablir les guildes et leurs privilèges ?
AE: Monsieur Adam Smith voudrait intervenir.
Adam Smith: Bonjour à tous. Quel plaisir de revoir Anne-Robert. François n'est pas là ?
François Quesnay: Bonjour Adam. Heureux de te revoir en pleine forme.
AE: Monsieur Smith, dites-nous, est-ce que la globalisation est la source de la crise actuelle ?
A. Smith: Oui et non. La globalisation est bénéfique, elle accroît la richesse des nations. A terme, l'ensemble du monde sera si prospère que la question ne se posera même plus. Mais c'est aussi une question de démographie: l'énorme potentiel de travailleurs à employer fait les salaires trop bas. Le rééquilibrage prendra encore du temps, parce que les nouveaux acteurs devront évoluer.
AE: Monsieur Smith, faut-il restreindre les importations pour acheter français ?
A.Smith: Ce serait appauvrir ce pays. Soyons égoistes, achetons au meilleur prix: c'est le meilleur moyen de laisser la main invisible des marchés agir peu à peu au service de la prospérité commune.
AE: Walter Bagehot a bien voulu se déplacer pour nous dire un mot.
W. Bagehot: Ah, beau temps! Bonjour les amis. Je vois que ce blog cite mon excellent journal: The Economist. Que n'aurais-je fait si internet avait existé plus tôt!
AE: Monsieur Bagehot, que pensez-vous de la crise de l'euro ?
W. Bagehot: La faillite de la banque Overend, Gurney & Company en 1866 m'a enseigné la contagion: 200 faillites ont suivi la première. Pour éviter ce genre de panique, il faut qu'existe un prêteur de dernier recours. C'est le rôle d'une banque centrale.
AE: Les actions de la BCE et le nouveau pare-feu qu'est le MSE vont donc dans la bonne direction ?
W. Bagehot: Oui et non. Idéalement, les prêts ne doivent pas être bradés. Ils doivent être garantis. Il ne devrait pas exister de limite à leur étendue.
AE: Merci messieurs de vos interventions.
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