L'incertitude en Grèce accélère le retrait des capitaux des banques grecques. Les dépots y auraient déjà baissé d'un tiers par rapport à 2010 selon Gavyn Davies, avec une forte accélération des retraits cette semaine.
La nationalisation de Bankia en Espagne aurait provoqué aussi des retraits importants (le Spiegel cite El Mundo, je n'ai pas trouvé l'article). La dégradation des notes des banques espagnoles et italiennes par Moody's commence à affecter aussi certaines de ces banques.
Les graphiques de Target2 (Gavyn Davies) permettent d'apprécier l'ampleur de ces mouvements. Ceux-ci sont très réels et obéissent à plusieurs motivations:
- L'incertitude sur l'intégrité future de la zone euro, en particulier pour la Grèce, et la décote prévisible des actifs qui seraient convertis par force en monnaie nationale.
- Le manque de confiance dans le futur des banques locales et dans la capacité des états à les assurer. C'est surtout le cas pour les banques espagnoles.
- La volonté d'échapper à des perspectives fiscales punitives, et au contrôle des transferts de capitaux qui sont en projet. C'est le cas de la l'Italie et de la France.
Ces motivations dépendent du pays de la banque affectée. Cela suggère un peu, si rien ne change, une concentration future du secteur bancaire en zone euro entre les mains des banques dont les états offriront les perspectives économiques les plus solides.
Mais dans l'immédiat, la priorité est de gérer cette menace de panique pour l'empêcher de dégénérer de façon désastreuse, modèle Etats-Unis, 1930. C'est le rôle des dispositifs anti-contagion, pare-feu (le MSE n'est pas encore opérationnel), et mesures non conventionnelles de la BCE. Mais il faudra probablement aussi changer la donne, et faire évoluer la position allemande, comme on en débat au G8.
Article Der Spiegel (en)
Article de Gavyn Davies, blog du FT (en)
Article La Croix
Article Le Monde
Meilleur Cartoon à Tom Janssen dans Trouw.nl, Presseurop (en)
Les failles des dépots de garantie article Bloomberg 29/5/2012 (en)
mardi 22 mai 2012
vendredi 18 mai 2012
Moody's note les banques espagnoles et italiennes
Dans le cadre de la révision des notations des banques européennes annoncée le 15 février dernier, l'agence Moody's a publié ses rapports (en anglais) sur la notation des banques italiennes le 14 mai et celle des banques espagnoles le 17 mai.
Ces rapports sont peu encourageants: 26 banques italiennes dégradées, 16 banques espagnoles ainsi que Santander UK, avec pour ces notes des perspectives négatives.
Les raisons invoquées pour ces dégradations de notes sont pour les banques italiennes:
1 L'environnement: La récession qui revient et le programme d'austérité.
2 La qualité des actifs qui devient un défi à gérer avec la déterioration de la qualité des créances, les provisions nécessaires, l'affaiblissement des bénéfices nets.
3 De moindres facilités de financement sur les marchés, qui si elle persistent presseraient les banques à réduire leurs actifs, en posant des risques vis à vis de leurs franchises et de leurs gains.
et pour les banques espagnoles:
1 L'environnement: La récession qui se renouvelle, la crise de l'immobilier en cours, la persistance d'un chômage élevé.
2 L'impact de la note de l'Espagne sur les banques et sur la capacité du gouvernement espagnol à les soutenir.
3 La déterioration rapide de la qualité des actifs avec des prêts non performants des sociétés immobilières, et la perspective de déterioration de celle d'autres catégories de prêts.
4 La restriction de l'accès au financement sur les marchés, avec la crise de la dette de la zone euro qui continue à inquiéter les investisseurs sur les banques espagnoles et la dette du pays.
Ces rapports sont peu encourageants: 26 banques italiennes dégradées, 16 banques espagnoles ainsi que Santander UK, avec pour ces notes des perspectives négatives.
Les raisons invoquées pour ces dégradations de notes sont pour les banques italiennes:
1 L'environnement: La récession qui revient et le programme d'austérité.
2 La qualité des actifs qui devient un défi à gérer avec la déterioration de la qualité des créances, les provisions nécessaires, l'affaiblissement des bénéfices nets.
3 De moindres facilités de financement sur les marchés, qui si elle persistent presseraient les banques à réduire leurs actifs, en posant des risques vis à vis de leurs franchises et de leurs gains.
et pour les banques espagnoles:
1 L'environnement: La récession qui se renouvelle, la crise de l'immobilier en cours, la persistance d'un chômage élevé.
2 L'impact de la note de l'Espagne sur les banques et sur la capacité du gouvernement espagnol à les soutenir.
3 La déterioration rapide de la qualité des actifs avec des prêts non performants des sociétés immobilières, et la perspective de déterioration de celle d'autres catégories de prêts.
4 La restriction de l'accès au financement sur les marchés, avec la crise de la dette de la zone euro qui continue à inquiéter les investisseurs sur les banques espagnoles et la dette du pays.
mardi 15 mai 2012
On reparle de la drachme (sortie de l'euro, grexit)
Cinquième année de récession économique pour la Grèce.
Chômage à 22% de la population active.
Chômage des moins de 25 ans à 53%.
Les élections législatives du 6 mai ouvrent une période d'incertitude, car une nouvelle coalition peine à se mettre en place afin de former un gouvernement. Les nouveaux élus radicaux s'opposent aux mesures d'économie imposées par le plan de refinancement de la dette négocié en mars. Dans le même temps, les sondages montrent que la population ne souhaite pas quitter l'euro à 75%. De nouvelles élections sont prévues le 17 juin.
La renégociation qui s'annonce commence par l'abandon d'un tabou: les responsables se sentent plus libres d'évoquer la sortie de l'euro par la Grèce, et la réintroduction de la drachme. Wolfgang Schauble, ministre allemand des finances, le 4 mai (Reuters) "La Grèce doit respecter les engagements pris, ou sinon, elle devra en assumer les conséquences." La menace est l'arrêt des versements de l'aide européenne, et la sortie de la zone euro.
Cette menace n'est pas à prendre légèrement: Selon le Spiegel, un groupe de travail allemand dépendant du ministère des finances à élaboré depuis un an sur le scénario de réintroduction de la drachme et ses conséquences. Résultat: cette hypothèse n'est plus un épouvantail pour les responsables allemands: Ils ont maintenant des chiffres précis sous les yeux, une alternative, un plan B par rapport au tonneau des danaïdes que constitue cet accord de refinancement de la dette grecque, qui déjà n'est plus crédible, deux mois seulement après avoir été signé.
Le Financial Times rapporte les propos des membres du conseil de la BCE.
Luc Coene (Belgique): "Je suppose qu'un divorce à l'amiable - si jamais c'est nécessaire - serait possible, mais cependant je le regretterais."
Patrick Honohan (Irlande): "Des choses peuvent arriver qui ne sont pas imaginées dans les traités. ... Techniquement, cela [une sortie de la Grèce de la zone euro] peut être géré. Ce n'est pas nécessairement fatal, mais ce n'est pas plaisant."
Déni de Jean-Claude Juncker, qui préside les ministres des finances de la zone euro, le 14 mai: "Je n'envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro: C'est du non-sense, c'est de la propagande."
MAJ: Le 16 mai, Christine Lagarde, directeur du FMI, évoque sur France 24 une "sortie ordonnée" de la Grèce de la zone euro, "qui serait extraordinairement coûteuse", mais une option qu"on est obligé de considérer techniquement".
L"euro est survendu, à 1,27 contre le dollar américain le 16 mai.
Article Bloomberg (en)
Article du Spiegel (en)
Article du Point
Article du Financial Times (en)
Le Guardian (en)
Chômage à 22% de la population active.
Chômage des moins de 25 ans à 53%.
Les élections législatives du 6 mai ouvrent une période d'incertitude, car une nouvelle coalition peine à se mettre en place afin de former un gouvernement. Les nouveaux élus radicaux s'opposent aux mesures d'économie imposées par le plan de refinancement de la dette négocié en mars. Dans le même temps, les sondages montrent que la population ne souhaite pas quitter l'euro à 75%. De nouvelles élections sont prévues le 17 juin.
La renégociation qui s'annonce commence par l'abandon d'un tabou: les responsables se sentent plus libres d'évoquer la sortie de l'euro par la Grèce, et la réintroduction de la drachme. Wolfgang Schauble, ministre allemand des finances, le 4 mai (Reuters) "La Grèce doit respecter les engagements pris, ou sinon, elle devra en assumer les conséquences." La menace est l'arrêt des versements de l'aide européenne, et la sortie de la zone euro.
Cette menace n'est pas à prendre légèrement: Selon le Spiegel, un groupe de travail allemand dépendant du ministère des finances à élaboré depuis un an sur le scénario de réintroduction de la drachme et ses conséquences. Résultat: cette hypothèse n'est plus un épouvantail pour les responsables allemands: Ils ont maintenant des chiffres précis sous les yeux, une alternative, un plan B par rapport au tonneau des danaïdes que constitue cet accord de refinancement de la dette grecque, qui déjà n'est plus crédible, deux mois seulement après avoir été signé.
Le Financial Times rapporte les propos des membres du conseil de la BCE.
Luc Coene (Belgique): "Je suppose qu'un divorce à l'amiable - si jamais c'est nécessaire - serait possible, mais cependant je le regretterais."
Patrick Honohan (Irlande): "Des choses peuvent arriver qui ne sont pas imaginées dans les traités. ... Techniquement, cela [une sortie de la Grèce de la zone euro] peut être géré. Ce n'est pas nécessairement fatal, mais ce n'est pas plaisant."
Déni de Jean-Claude Juncker, qui préside les ministres des finances de la zone euro, le 14 mai: "Je n'envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro: C'est du non-sense, c'est de la propagande."
MAJ: Le 16 mai, Christine Lagarde, directeur du FMI, évoque sur France 24 une "sortie ordonnée" de la Grèce de la zone euro, "qui serait extraordinairement coûteuse", mais une option qu"on est obligé de considérer techniquement".
L"euro est survendu, à 1,27 contre le dollar américain le 16 mai.
Article Bloomberg (en)
Article du Spiegel (en)
Article du Point
Article du Financial Times (en)
Le Guardian (en)
dimanche 13 mai 2012
Bankia nationalisée
Le gouvernement espagnol nationalise la 4ème banque du pays, Bankia, et demande aux banques espagnoles d'accroître leurs provisions pour créances douteuses de 30 milliards d'euros.
Le secteur bancaire espagnol reste fragilisé par la bulle de l'immobilier (1997-2007).
Le Spiegel estime les mauvaises créances pour l'ensemble du secteur à 180 milliards d'euros.
Comme l'Irlande l'a fait auparavant, l'Espagne semble devoir sauver ses banques en s'endettant. Mais est-ce possible au taux de 6,1% à 10 ans et avec une économie à la peine (-0,3% au 4ème trimestre 2011)?
Cette crise semble durer bien trop longtemps: trois plans de réforme des banques impliquant 115 milliards d'euros de soutien au secteur ont été mis en œuvre depuis 2008 (selon Greenleft), tandis que les "indignados" vilipendent financiers et politiciens, tenus pour responsables d'un chômage accablant qui touche en particulier les jeunes gens.
La commission européenne propose de former une expertise indépendante chargée de réunir les emprunts toxiques dans une banque spéciale, dite banque de défaisance.
MAJ 18 mai:
Le rapport de l'agence Moody's sur les banques espagnoles (en)
Article du Monde
Article du Spiegel (en)
Article The Economist (en)
Article El Pais (en espanol)
Article du journal australien Green Left (en)
Le secteur bancaire espagnol reste fragilisé par la bulle de l'immobilier (1997-2007).
Le Spiegel estime les mauvaises créances pour l'ensemble du secteur à 180 milliards d'euros.
Comme l'Irlande l'a fait auparavant, l'Espagne semble devoir sauver ses banques en s'endettant. Mais est-ce possible au taux de 6,1% à 10 ans et avec une économie à la peine (-0,3% au 4ème trimestre 2011)?
Cette crise semble durer bien trop longtemps: trois plans de réforme des banques impliquant 115 milliards d'euros de soutien au secteur ont été mis en œuvre depuis 2008 (selon Greenleft), tandis que les "indignados" vilipendent financiers et politiciens, tenus pour responsables d'un chômage accablant qui touche en particulier les jeunes gens.
La commission européenne propose de former une expertise indépendante chargée de réunir les emprunts toxiques dans une banque spéciale, dite banque de défaisance.
MAJ 18 mai:
Le rapport de l'agence Moody's sur les banques espagnoles (en)
Article du Monde
Article du Spiegel (en)
Article The Economist (en)
Article El Pais (en espanol)
Article du journal australien Green Left (en)
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