vendredi 27 janvier 2012

La crise financière: une mauvaise appréciation de l'inflation

La "crise financière" est cette lente dégradation mondiale de la confiance dans les monnaies et les banques qui s'installe depuis au moins 10 ans.
On pourait dire qu'elle s'est manifestée avec la crise dite des "subprimes" de 2007 qui correspond à l'éclatement d'une bulle financière aux USA. Mais 5 ans après, la crise traîne en longueur et menace de chavirer le bateau Europe.

Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut connaître les objectifs de la Reserve Fédérale américaine:
Je cite: "Emploi maximum, prix stables et taux d'intérêts à long terme modérés."
Pour atteindre ses objectifs, cette banque possède un gouvernail: les taux d'intérêts, et un levier rouge qui est théoriquement interdit, mais qu'on utilise quand le gouvernail est en butée: l'impression de billets.
L'impression de billets est tabou, parce que cela correspond à ruiner la confiance dans la monnaie en diluant sa valeur. C'est pourquoi, on dissimule la pratique sous des noms ésotériques comme "assouplissement quantitatif".

Mon opinion est que la Réserve Fédérale pratique des taux trop bas depuis en gros 2002. Elle a tenté de remonter les taux en 2006, mais ce mouvement a révélé les abus et peut-être déclenché la crise de 2007. Depuis cette date la banque imprime des billets, en pratique.
Je pense que l'erreur fondamentale d'une telle politique est une erreur d'évaluation de l'inflation réelle. En agissant ainsi, la banque ruine la confiance, incite à l'endettement général et nourrit les bulles financières qui déstabilisent l'ensemble de la finance mondiale.

Et les autres banques centrales, me direz-vous ? Elles n'ont pas d'autre choix que d'emboîter le pas à la Fed, et même d'imprimer des billets à leur tour, comme le fait la BCE actuellement. C'est parce qu'un pays ne peut pas supporter de voir sa monnaie s'apprécier fortement contre le dollar, ce qui ruine ses exportations et saborde sa balance commerciale. Les autres banques centrales n'ont en fait qu'une marge de manoeuvre très limitée.

Comprenez bien mon point de vue: il n'y a pas de "complot" américain envers l'Europe. L'amérique a intérêt à ce que ses partenaires soient en bonne santé sur le plan économique. Il y a seulement une erreur humaine d'appréciation économique, et des dogmes économiques figés dans le marbre avec une certaine hypocrisie et une bonne dose d'égoïsme: ainsi la politique du "dollar fort" signifie en fait que l'amérique exploite sa position dominante en matière politique, militaire, financière, technologique pour faire payer l'impôt que constitue la dépréciation des avoirs américains détenus en dollars par l'étranger. Il s'agit d'un impôt de fait, mais un impôt injuste, car il ne donne aucun droit à influencer la politique américaine.

Pourquoi la Fed se trompe-t-elle ?
Pourquoi ces gens sérieux et compétents se trompent-ils ? C'est parce que les modèles employés pour le calcul de l'inflation sont mis en défaut par l'énorme impact d'une globalisation économique brutale. Par exemple, l'essor économique chinois s'est construit en soumettant l'ensemble des industries manufacturières à un dumping implacable, par un coût de la main d'oeuvre inapproprié et au moyen d'une monnaie sous-évaluée.

"Never bet against America" dit l'adage. Grâce à sa souplesse et à sa position dominante, je parie que les états unis d'amérique parviendront à sortir de cette énorme bourrasque économique qui va durer encore le temps que les pays en croissance revalorisent les salaires et ouvrent leurs marchés. Mais l'Europe empêtrée dans une construction laborieuse pourrait bien y laisser sa peau ou du moins sa monnaie...

Comment calcule-t-on l'inflation ?
Supposons de calculer l'inflation sur la valeur d'un lingot d'or: Oh surprise, l'inflation est en moyenne supérieure à 20% l'an depuis 2006. graphique ici. La courbe a une allure exponentielle, donc cette inflation s'aggrave. Calculons l'inflation sur le prix du baril de pétrole: Là encore, nette l'inflation.

Allons voir en Europe: "Il n'y a pas d'inflation" nous dit-on à la BCE. Qui peut m'expliquer alors pourquoi  le prix des loyers par rapport aux revenus des locataires augmente tant en France ?

Peut-on sérieusement comparer le prix d'un objet manufacturé localement avec des travailleurs bien payés et des cotisations sociales à jour avec le prix d'un produit fabriqué à l'étranger par une main d'oeuvre plus ou moins exploitée, sans respect de l'environnement et probablement de moins bonne qualité? Non, et c'est pourquoi les chiffres de l'inflation mentent.

Si les décisions des banques centrales se basent sur des indices déconnectés de la réalité, elles errent et aggravent les problèmes. Le chômage US est consécutif à des choix politiques et non économiques: ce n'est pas à une banque centrale de dédouaner les responsables en ruinant sa propre crédibilité.

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