lundi 20 février 2012

Lettre ouverte aux députés européens: Sauvez la France, faites l'Europe, maintenant !

Madame, Monsieur le député européen,

La plupart des économistes s'accordent à dire que la crise de l'euro résulte d'une erreur dans la construction européenne: On a fait une monnaie sans état, on a fait l'euro sans faire l'Europe, en d'autres termes, on a mis la charrue avant les boeufs.

J'en déduis qu'il n'y a qu'un moyen de donner de la substance à la monnaie unique et de prévenir le chaos social qui résulterait de la faillite des états membres: C'est de nommer un gouvernement fédéral européen en charge de la fiscalité et capable de garantir la protection des personnes et des biens.

N'attendez pas de la BCE qu'elle prenne en charge de sauver les pays endettés: ce n'est pas son rôle, ce n'est pas sa compétence. Axel Weber et Jurgen Stark ont démissionné: ils ont raison, et leurs remplaçants ne font que gagner du temps par des tours de passe-passe, qui, leur effet épuisé, reviendront frapper les finances des états membres avec la force d'un boomerang. Au contraire, c'est un rôle politique, c'est le rôle d'un gouvernement fédéral.

N'incriminez pas les marchés financiers ou les agences de notation dans les malheurs de l'euro: On ne tue pas les messagers parce qu'ils apportent des mauvaises nouvelles. Au contraire, on comprend et on assume ses erreurs afin de mettre en oeuvre des solutions.

A Davos la crise de l'euro était comparée à un accident ferroviaire au ralenti et à une bombe à retardement. Pensons plutôt aux pionniers dans un film de western qui doivent franchir un fleuve à gué avec des wagons. Que fait-on quand on est au milieu du gué, là où le courant est fort? Est-ce que se retourne pour contempler avec regret la rive qu'on vient de quitter? Est qu'on fait une pause pique-nique, est-ce qu'on entame une belote? Non, on avance résolument, on prend pied sur l'autre rive, on lance une corde pour haler les équipages qui perdraient pied. La construction européenne, c'est la même chose. Pour avoir la force de tirer de l'ornière les pays menacés de faillite, il faut un gouvernement fédéral européen.

Nous avons un traité qui abdique la souveraineté de chaque état. Nous avons un parlement européen élu, mais qui n'a pas l'initiative en matière judiciaire. Une commission faite de 27 membres avec présidence tournante donc inconsistante. Un conseil de l'union qui rassemble des ministres sur une présidence tournante, tout autant inconsistante. Les institutions européennes n'ont pas de substance, et quand les pays étrangers s'adressent à l'Europe, ils téléphonent en fait à la chancelière allemande et au président français. Le parlement européen réalise-il la gravité de la crise de l'euro. Agit-il concrètement ?

N'attendons pas que nos états soient ruinés par l'endettement et sa propagation financière. N'attendons pas qu'ils soient en cessation de paiement, les banques en panique, et les pays plongés dans l'anarchie. A ce moment, l'Europe fédérale paraîtra un secours qu'on a snobé jadis, quand on avait encore le luxe de le faire dans l'ordre au lieu de tergiverser. Ne croyez pas que ce message soit exagéré: la faillite prévisible de l'Italie est au-delà des ressources du système: même la France est menacée, car ses banques sont si lourdement engagées qu'elle ne pourront pas être sauvées.

Je demande à nos élus de reprendre, aujourd'hui, avec détermination, le chantier européen et de le faire avancer. Même les eurosceptiques doivent participer, car ils ne veulent pas voir ruinée à court terme l'économie du pays qu'ils chérissent dans une régression passéiste. Ce n'est pas une question de couleur politique ou d'idéologie, c'est une question de bon sens. Il n'est plus temps de s'interroger. L'heure n'est plus à intégrer de nouveaux membres. Il y a une Europe à construire. C'est un devoir, c'est votre responsabilité, c'est une urgence. Vous êtes le parlement européen. Soyez digne du mandat qui vous a été confié, agissez aux nom de vos électeurs.

Courrier adressé aux députés de la circonscription Nord-Ouest France: Philippe BOULLAND, Hélène FLAUTRE, Jean-Paul GAUZÈS, Estelle GRELIER, Jacky HÉNIN, Corinne LEPAGE, Marine LE PEN, Gilles PARGNEAUX, Dominique RIQUET, Tokia SAÏFI.

(J'invite tout lecteur à écrire de même à ses députés européens, dont l'adresse peut être trouvée sur le site du parlement européen, suivant ce lien.http://www.europarl.europa.eu/meps/fr/performsearch.html .  Le présent article peut être recopié librement)

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