La BCE annonce un programme de rachat d'obligations souveraines illimité dans la zone euro, assumant ainsi le rôle de prêteur de dernier recours pour les états de la zone.
Le mécanisme "Outright Monetary Transactions OMT" rachètera les dettes de un à trois ans en contrepartie d'un programme d'ajustement fiscal avec le fonds FESF.
Le mécanisme s'adressera aux pays en ajustement macroeconomique complet: Grece, Irlande, Portugal, mais aussi aux pays qui subissent un choc temporaire.
La BCE renonce au statut de dette senior sur ces achats: (en cas de faillite, la dette senior est honorée en priorité.)
Bravo Mario !
Conference de presse de Mario Draghi (en)
Article The Economist (en)
Liberation (fr)
Opinion du journal Le Figaro (fr)
vendredi 7 septembre 2012
vendredi 27 juillet 2012
Mario Draghi défend l'euro
Le président de la BCE estime que la solidité de l'euro et de la zone euro est largement sous-estimée. Il compare l'inflation, l'emploi, la productivité, le déficit, la dette, les comptes courants et la cohésion sociale de la zone euro avec ceux des USA et Japon.
Il souligne l'importance des progrès accomplis dans les six derniers mois, en matière de convergence, au niveau national, contrôle des déficits, réformes structurelles, et au niveau supranational.
"Le dernier sommet a été un réel succès parce que pour la première fois en beaucoup d'années, tous les leaders des 27 pays d'Europe, Royaume Uni inclus, ont dit que le seul chemin pour sortir de la crise est d'avoir davantage d'Europe et pas moins d'Europe."
Il considère que le capital politique investi dans l'euro est sous-estimé et que l'euro est irréversible au sens politique.
Il présente les challenges de court-terme: adresser la fragmentation financière, l'aversion au risque, la sous-capitalisation, les primes trop élevées sur les emprunts d'états.
Global Investment Conference in London 26 juillet (en)
Interview dans le Monde le 18 juillet
Commentaire Bloomberg (en)
Il souligne l'importance des progrès accomplis dans les six derniers mois, en matière de convergence, au niveau national, contrôle des déficits, réformes structurelles, et au niveau supranational.
"Le dernier sommet a été un réel succès parce que pour la première fois en beaucoup d'années, tous les leaders des 27 pays d'Europe, Royaume Uni inclus, ont dit que le seul chemin pour sortir de la crise est d'avoir davantage d'Europe et pas moins d'Europe."
Il considère que le capital politique investi dans l'euro est sous-estimé et que l'euro est irréversible au sens politique.
Il présente les challenges de court-terme: adresser la fragmentation financière, l'aversion au risque, la sous-capitalisation, les primes trop élevées sur les emprunts d'états.
Global Investment Conference in London 26 juillet (en)
Interview dans le Monde le 18 juillet
Commentaire Bloomberg (en)
mercredi 25 juillet 2012
L'Allemagne n'est plus à l'abri
L'agence Moody's a révisé en perspective négative la note AAA de l'Allemagne, des pays-Bas, du Luxembourg.
Les raisons invoquées sont:
1) Le risque de voir la Grèce quitter la zone euro passe de très faible à faible, et cette occurrence déclencherait une chaîne de chocs dans le secteur financier et des pressions sur les liquidités pour les états et les banques qui ne seraient contenus qu'à un coût très élevé, ou à défaut, aboutiraient à un effilochage (unwinding) progressif de la zone.
2) La probabilité accrue pour les pays les mieux notés de la zone d'avoir à supporter la charge de l'aide collective à l'Espagne et à l'Italie, avec en particulier le besoin d'agrandir l'ESM ou un autre mécanisme.
L'agence estime que la réponse des responsables européens à la crise continue d'être réactive et gradualiste, et qu'une telle réponse ne produira pas la stabilité, mais très probablement sera associée à une série de chocs, dont l'amplitude croîtra probablement à mesure que la crise se prolonge.
Cependant sur le long terme les réformes institutionnelles de la zone euro ont le potentiel de fortifier les notes: l'abaissement concerne la période de transition.
Rapport de Moody's ratings
Les raisons invoquées sont:
1) Le risque de voir la Grèce quitter la zone euro passe de très faible à faible, et cette occurrence déclencherait une chaîne de chocs dans le secteur financier et des pressions sur les liquidités pour les états et les banques qui ne seraient contenus qu'à un coût très élevé, ou à défaut, aboutiraient à un effilochage (unwinding) progressif de la zone.
2) La probabilité accrue pour les pays les mieux notés de la zone d'avoir à supporter la charge de l'aide collective à l'Espagne et à l'Italie, avec en particulier le besoin d'agrandir l'ESM ou un autre mécanisme.
L'agence estime que la réponse des responsables européens à la crise continue d'être réactive et gradualiste, et qu'une telle réponse ne produira pas la stabilité, mais très probablement sera associée à une série de chocs, dont l'amplitude croîtra probablement à mesure que la crise se prolonge.
Cependant sur le long terme les réformes institutionnelles de la zone euro ont le potentiel de fortifier les notes: l'abaissement concerne la période de transition.
Rapport de Moody's ratings
dimanche 8 juillet 2012
La BCE abaisse ses taux, l'annonce du Conseil Européen est insuffisante
La BCE annonce une baisse de ses taux de base de 0,25% le 5 juillet.
Extraits de la conférence de presse:
"La croissance de la zone euro était plate au premier trimestre 2012, suivant un déclin de 0,3% au trimestre précédent. Les indicateurs economiques du second trimestre montrent un affaiblissement de la croissance et et une aggravation des incertitudes."
"En particulier, les tensions sur les marchés des dettes souveraines en zone euro et leur impact sur les conditions de crédit, le processus d'ajustement des balances de comptes dans les secteurs financiers et non-financiers et le chômage élevé devraient peser sur la tendance de fond à la croissance."
"Nous accueillons positivement les conclusions du Conseil Européen du 29 juin 2012 d'agir pour résoudre les tensions des marchés financiers, restaurer la confiance et réanimer la croissance."
Une question m'a paru significative:
Q: "Le fond EFSF-ESM (MSE) devrait pouvoir couvrir une demande de l'Espagne, mais que se passera-t-il si l'Italie demande aussi de l'aide ?"
Mario Draghi: "Je n'ai pas de réponse sur l'ESM."
De fait les taux à 10 ans restent très élevés en Espagne (jusqu'à 7%) et en Italie (6%) malgré l'annonce du Conseil Européen.
Jean-Michel Six, économiste européen en chef de Standard and Poor's estime que le risque d'une récession en double creux en zone euro s'est accru. Il souligne la nécessité pour les gouvernements européens d'implémenter rapidement les décisions annoncées. Concernant la France, il fait remarquer que la balance commerciale et la balance des comptes courants de l'état se sont dégradés ces dernières années.
Nouriel Roubini est très pessimiste, et souligne que le noyau de la zone euro s'oppose à la mutualisation de la dette, et pas seulement l'Allemagne. Il voit un risque élevé que l'Italie retourne à la lire avec Silvio Berlusconi et la Ligue du nord.
MAJ 14/7 L'agence Moody's dégrade encore la dette italienne (en) L'agence évoque la détérioration de la confiance des marchés, le risque de contagion de la Grèce et de l'Espagne, et l'érosion de l'investissement non-domestique. Ainsi que des perspectives économiques de court terme déteriorées qui remettent en cause les objectifs fiscaux. On lit dans le rapport que les fonds de stabilité européens sont limités par rapport à la taille de l'Italie, et que le climat politique avec les élections au printemps 2013 risque de nuire à la mise en œuvre des réformes.
Conférence de presse de Mario Draghi (en)
Jean-Michel Six sur Bloomberg (en)
Nouriel Roubini sur Bloomberg (en)
Extraits de la conférence de presse:
"La croissance de la zone euro était plate au premier trimestre 2012, suivant un déclin de 0,3% au trimestre précédent. Les indicateurs economiques du second trimestre montrent un affaiblissement de la croissance et et une aggravation des incertitudes."
"En particulier, les tensions sur les marchés des dettes souveraines en zone euro et leur impact sur les conditions de crédit, le processus d'ajustement des balances de comptes dans les secteurs financiers et non-financiers et le chômage élevé devraient peser sur la tendance de fond à la croissance."
"Nous accueillons positivement les conclusions du Conseil Européen du 29 juin 2012 d'agir pour résoudre les tensions des marchés financiers, restaurer la confiance et réanimer la croissance."
Une question m'a paru significative:
Q: "Le fond EFSF-ESM (MSE) devrait pouvoir couvrir une demande de l'Espagne, mais que se passera-t-il si l'Italie demande aussi de l'aide ?"
Mario Draghi: "Je n'ai pas de réponse sur l'ESM."
De fait les taux à 10 ans restent très élevés en Espagne (jusqu'à 7%) et en Italie (6%) malgré l'annonce du Conseil Européen.
Jean-Michel Six, économiste européen en chef de Standard and Poor's estime que le risque d'une récession en double creux en zone euro s'est accru. Il souligne la nécessité pour les gouvernements européens d'implémenter rapidement les décisions annoncées. Concernant la France, il fait remarquer que la balance commerciale et la balance des comptes courants de l'état se sont dégradés ces dernières années.
Nouriel Roubini est très pessimiste, et souligne que le noyau de la zone euro s'oppose à la mutualisation de la dette, et pas seulement l'Allemagne. Il voit un risque élevé que l'Italie retourne à la lire avec Silvio Berlusconi et la Ligue du nord.
MAJ 14/7 L'agence Moody's dégrade encore la dette italienne (en) L'agence évoque la détérioration de la confiance des marchés, le risque de contagion de la Grèce et de l'Espagne, et l'érosion de l'investissement non-domestique. Ainsi que des perspectives économiques de court terme déteriorées qui remettent en cause les objectifs fiscaux. On lit dans le rapport que les fonds de stabilité européens sont limités par rapport à la taille de l'Italie, et que le climat politique avec les élections au printemps 2013 risque de nuire à la mise en œuvre des réformes.
Conférence de presse de Mario Draghi (en)
Jean-Michel Six sur Bloomberg (en)
Nouriel Roubini sur Bloomberg (en)
lundi 2 juillet 2012
Conseil Européen: Le principe de l'aide directe aux banques est acceptée
Le conseil européen accède le 29 juillet aux requêtes espagnoles et italiennes. Le principe de l'aide directe aux banques indépendamment des états est accepté. Il s'agit d'éviter d'alourdir le dette d'un pays comme l'Espagne, qui doit recapitaliser ses banques.
Dans le même temps, l'accès aux instruments de stabilisation financière EFSF et ESM est assoupli.
Enfin, les leaders européens se sont mis d'accord pour mettre en place les bases d'une union bancaire pour la zone euro.
Il faudra plusieurs mois, voire un an, avant qu'un superviseur pour la zone euro se mette en place, et soit en mesure de prêter aux banques sur le fond ESM, estime Angela Merkel.
Article Bloomberg (en)
Article Der Spiegel (en)
Bernard Guetta sur France Inter
Dans le même temps, l'accès aux instruments de stabilisation financière EFSF et ESM est assoupli.
Enfin, les leaders européens se sont mis d'accord pour mettre en place les bases d'une union bancaire pour la zone euro.
Il faudra plusieurs mois, voire un an, avant qu'un superviseur pour la zone euro se mette en place, et soit en mesure de prêter aux banques sur le fond ESM, estime Angela Merkel.
Article Bloomberg (en)
Article Der Spiegel (en)
Bernard Guetta sur France Inter
mardi 26 juin 2012
Libre expression: l'Europe c'est quoi ?
Libre expression: l'Europe c'est quoi ?
L'Europe, c'est une prétention anti-américaine, bureaucratique et impopulaire.
L'Europe, ce sont des myriades de talents étouffés sous les lois, les administrations et les corporatismes.
L'Europe, c'est une jeunesse écrasée sous le poids de la dette.
L'Europe n'a pas de langue commune, ergo, elle n'existe pas.
L'Europe c'est comme l'ONU, une présidence tournante, c'est le règne du cancre.
L'Europe, c'est la réunification allemande, au cube.
L'Europe est un laboratoire de la mondialisation dont nous sommes les cobayes.
La mère souffre et hyperventile, mais le bébé Europe n'arrive pas à sortir: que font les médecins ?
L'Europe, une belle idée, un bel avenir, des peuples impréparés.
J'attends vos contributions.
L'Europe, c'est une prétention anti-américaine, bureaucratique et impopulaire.
L'Europe, ce sont des myriades de talents étouffés sous les lois, les administrations et les corporatismes.
L'Europe, c'est une jeunesse écrasée sous le poids de la dette.
L'Europe n'a pas de langue commune, ergo, elle n'existe pas.
L'Europe c'est comme l'ONU, une présidence tournante, c'est le règne du cancre.
L'Europe, c'est la réunification allemande, au cube.
L'Europe est un laboratoire de la mondialisation dont nous sommes les cobayes.
La mère souffre et hyperventile, mais le bébé Europe n'arrive pas à sortir: que font les médecins ?
L'Europe, une belle idée, un bel avenir, des peuples impréparés.
J'attends vos contributions.
samedi 23 juin 2012
Moody's dégrade 15 banques, dont BNP, CA, SG par rapport à la crise de l'euro
Dans le cadre de sa révision des notations des établissements avec la crise des dettes souveraines en zone euro, Moody's dégrade les notes de 15 grandes banques internationales, dont les trois françaises BNP, CA et SG.
La dette dite senior et les dépôts dans ces trois banques sont toujours considérés comme garantis par le gouvernement français. Mais la dette subordonnée junior ou datée n'est plus considérée par Moody's comme assurée par le gouvernement. (il s'agit d'une dette qui n'est honorée qu'en second en cas de faillite).
Les banques qui sont les plus actives sur les marchés d'actions internationaux sont les plus à risque selon Moody's, puis vient la capacité qu'ont les banques à absorber les chocs. Les banques françaises sont modérément exposées et/ou relativement robustes.
Rapport Moody's (en)
La dette dite senior et les dépôts dans ces trois banques sont toujours considérés comme garantis par le gouvernement français. Mais la dette subordonnée junior ou datée n'est plus considérée par Moody's comme assurée par le gouvernement. (il s'agit d'une dette qui n'est honorée qu'en second en cas de faillite).
Les banques qui sont les plus actives sur les marchés d'actions internationaux sont les plus à risque selon Moody's, puis vient la capacité qu'ont les banques à absorber les chocs. Les banques françaises sont modérément exposées et/ou relativement robustes.
Rapport Moody's (en)
jeudi 21 juin 2012
Une union bancaire pour la zone euro
Le FMI demande que soit constituée une union bancaire pour la zone euro.
Le rapport expose la déterioration de l'environnement économique et financier, la perte de la confiance des investisseurs, la fuite des capitaux et le niveau record des primes de risques sur les dettes souveraines.
Le FMI préconise un engagement fort de l'Europe, davantage d'intégration fiscale et une union bancaire pour la zone, ainsi qu'un large spectre de réformes structurelles et en même temps le soutien de la demande.
Cette union bancaire serait constituée de:
- Une structure macroprudentielle et de supervision commune.
- Un système de dépôts de garantie au niveau régional.
- Une autorité de résolution (liquidation) des faillites bancaires.
Rapport du FMI du 21 juin (en)
Une structure macroprudentielle c'est quoi ? (en)
Pour Sharon Bowles sur Bloomberg, une telle union bancaire constituerait une alternative aux eurobonds par mutualisation de la dette en zone euro, mais en plus compliqué. Sharon Bowles est président du comité des affaires économiques et financières au parlement européen. (en)
MAJ 27/6 : Parachever l'euro, Feuille de route vers une union budgétaire en Europe du groupe de travail Notre Europe est à télécharger (en).
Wolfgang Schauble, ministre des finances allemand, propose un chemin possible pour l'Europe dans cet interview du Spiegel et explique pourquoi il est nécessaire de réaliser l'union fiscale avant d'émettre des eurobonds. (en)
Le rapport expose la déterioration de l'environnement économique et financier, la perte de la confiance des investisseurs, la fuite des capitaux et le niveau record des primes de risques sur les dettes souveraines.
Le FMI préconise un engagement fort de l'Europe, davantage d'intégration fiscale et une union bancaire pour la zone, ainsi qu'un large spectre de réformes structurelles et en même temps le soutien de la demande.
Cette union bancaire serait constituée de:
- Une structure macroprudentielle et de supervision commune.
- Un système de dépôts de garantie au niveau régional.
- Une autorité de résolution (liquidation) des faillites bancaires.
Rapport du FMI du 21 juin (en)
Une structure macroprudentielle c'est quoi ? (en)
Pour Sharon Bowles sur Bloomberg, une telle union bancaire constituerait une alternative aux eurobonds par mutualisation de la dette en zone euro, mais en plus compliqué. Sharon Bowles est président du comité des affaires économiques et financières au parlement européen. (en)
MAJ 27/6 : Parachever l'euro, Feuille de route vers une union budgétaire en Europe du groupe de travail Notre Europe est à télécharger (en).
Wolfgang Schauble, ministre des finances allemand, propose un chemin possible pour l'Europe dans cet interview du Spiegel et explique pourquoi il est nécessaire de réaliser l'union fiscale avant d'émettre des eurobonds. (en)
Faiblesse de la création d'emplois aux Etats-Unis
L'economie américaine a créé 69000 emplois en mai, loin de l'objectif de la réserve fédérale de 150000 à 200000 créations.
Ben S. Bernanke, président de la Fed, attribue cette vulnérabilité aux perspectives de resserrement de la fiscalité US ainsi qu'aux retombées de la crise des dettes souveraines en Europe.
La réserve fédérale considère l'usage de nouvelles mesures non-conventionnelles de stimulation de l'économie si la tendance se confirme.
C'est à dire des mesures dites d'assouplissement quantitatif, sans doute par le rachat de bons du trésor.
Ah, si c'était aussi simple en Europe !
article Bloomberg (en)
Ben S. Bernanke, président de la Fed, attribue cette vulnérabilité aux perspectives de resserrement de la fiscalité US ainsi qu'aux retombées de la crise des dettes souveraines en Europe.
La réserve fédérale considère l'usage de nouvelles mesures non-conventionnelles de stimulation de l'économie si la tendance se confirme.
C'est à dire des mesures dites d'assouplissement quantitatif, sans doute par le rachat de bons du trésor.
Ah, si c'était aussi simple en Europe !
article Bloomberg (en)
dimanche 10 juin 2012
Accord en vue pour sauver les banques espagnoles
L'Union Européenne, la BCE et le FMI (la "troïka") ont prévu de prêter 100 milliards d'euros à 3% à l'Espagne afin de recapitaliser les banques espagnoles en difficulté. Les conditions attachées au prêt n'ont pas été précisées.
MAJ (13 juin): La critique faite à ce prêt est qu'il ne recapitalise pas directement les banques, mais passe par le gouvernement espagnol pour cela. Ainsi ce prêt aggrave-t-il l'endettement du pays, le risque souverain et les difficultés d'emprunts de l'Espagne.
C'est la critique que fait Nouriel Roubini, qui évoque aussi une "balkanisation" du système bancaire européen dans l'interview de France24.
Christine Lagarde (FMI) sur CNN, ne dément pas vraiment Georges Soros quand celui-ci affirme qu'il reste trois mois pour sauver l'euro, mais elle évoque une nouvelle étape de la construction européenne qui devra intervenir avant cette échéance. (la journaliste attribue à madame Lagarde des propos qui ne sont pas les siens et tronque le message, je mets le lien quand même, à vous de juger).
Le taux à 10 ans de la dette espagnole a atteint 6.83% le 12 juin.
L'euro est remonté à 1.26 contre le dollar américan le 11 juin, pour revenir à 1.25 le 13.
Interview de Nouriel Roubini sur France24 (en)
Interview de Christine Lagarde sur CNN (en)
France24 sur le prêt
Bloomberg sur la tension sur les taux (en)
Bloomberg (en) sur le prêt
Der Siegel (en): l'Europe n'est pas prête
MAJ (13 juin): La critique faite à ce prêt est qu'il ne recapitalise pas directement les banques, mais passe par le gouvernement espagnol pour cela. Ainsi ce prêt aggrave-t-il l'endettement du pays, le risque souverain et les difficultés d'emprunts de l'Espagne.
C'est la critique que fait Nouriel Roubini, qui évoque aussi une "balkanisation" du système bancaire européen dans l'interview de France24.
Christine Lagarde (FMI) sur CNN, ne dément pas vraiment Georges Soros quand celui-ci affirme qu'il reste trois mois pour sauver l'euro, mais elle évoque une nouvelle étape de la construction européenne qui devra intervenir avant cette échéance. (la journaliste attribue à madame Lagarde des propos qui ne sont pas les siens et tronque le message, je mets le lien quand même, à vous de juger).
Le taux à 10 ans de la dette espagnole a atteint 6.83% le 12 juin.
L'euro est remonté à 1.26 contre le dollar américan le 11 juin, pour revenir à 1.25 le 13.
Interview de Nouriel Roubini sur France24 (en)
Interview de Christine Lagarde sur CNN (en)
France24 sur le prêt
Bloomberg sur la tension sur les taux (en)
Bloomberg (en) sur le prêt
Der Siegel (en): l'Europe n'est pas prête
mardi 22 mai 2012
Menaces de panique bancaire (bank run) en zone euro
L'incertitude en Grèce accélère le retrait des capitaux des banques grecques. Les dépots y auraient déjà baissé d'un tiers par rapport à 2010 selon Gavyn Davies, avec une forte accélération des retraits cette semaine.
La nationalisation de Bankia en Espagne aurait provoqué aussi des retraits importants (le Spiegel cite El Mundo, je n'ai pas trouvé l'article). La dégradation des notes des banques espagnoles et italiennes par Moody's commence à affecter aussi certaines de ces banques.
Les graphiques de Target2 (Gavyn Davies) permettent d'apprécier l'ampleur de ces mouvements. Ceux-ci sont très réels et obéissent à plusieurs motivations:
- L'incertitude sur l'intégrité future de la zone euro, en particulier pour la Grèce, et la décote prévisible des actifs qui seraient convertis par force en monnaie nationale.
- Le manque de confiance dans le futur des banques locales et dans la capacité des états à les assurer. C'est surtout le cas pour les banques espagnoles.
- La volonté d'échapper à des perspectives fiscales punitives, et au contrôle des transferts de capitaux qui sont en projet. C'est le cas de la l'Italie et de la France.
Ces motivations dépendent du pays de la banque affectée. Cela suggère un peu, si rien ne change, une concentration future du secteur bancaire en zone euro entre les mains des banques dont les états offriront les perspectives économiques les plus solides.
Mais dans l'immédiat, la priorité est de gérer cette menace de panique pour l'empêcher de dégénérer de façon désastreuse, modèle Etats-Unis, 1930. C'est le rôle des dispositifs anti-contagion, pare-feu (le MSE n'est pas encore opérationnel), et mesures non conventionnelles de la BCE. Mais il faudra probablement aussi changer la donne, et faire évoluer la position allemande, comme on en débat au G8.
Article Der Spiegel (en)
Article de Gavyn Davies, blog du FT (en)
Article La Croix
Article Le Monde
Meilleur Cartoon à Tom Janssen dans Trouw.nl, Presseurop (en)
Les failles des dépots de garantie article Bloomberg 29/5/2012 (en)
La nationalisation de Bankia en Espagne aurait provoqué aussi des retraits importants (le Spiegel cite El Mundo, je n'ai pas trouvé l'article). La dégradation des notes des banques espagnoles et italiennes par Moody's commence à affecter aussi certaines de ces banques.
Les graphiques de Target2 (Gavyn Davies) permettent d'apprécier l'ampleur de ces mouvements. Ceux-ci sont très réels et obéissent à plusieurs motivations:
- L'incertitude sur l'intégrité future de la zone euro, en particulier pour la Grèce, et la décote prévisible des actifs qui seraient convertis par force en monnaie nationale.
- Le manque de confiance dans le futur des banques locales et dans la capacité des états à les assurer. C'est surtout le cas pour les banques espagnoles.
- La volonté d'échapper à des perspectives fiscales punitives, et au contrôle des transferts de capitaux qui sont en projet. C'est le cas de la l'Italie et de la France.
Ces motivations dépendent du pays de la banque affectée. Cela suggère un peu, si rien ne change, une concentration future du secteur bancaire en zone euro entre les mains des banques dont les états offriront les perspectives économiques les plus solides.
Mais dans l'immédiat, la priorité est de gérer cette menace de panique pour l'empêcher de dégénérer de façon désastreuse, modèle Etats-Unis, 1930. C'est le rôle des dispositifs anti-contagion, pare-feu (le MSE n'est pas encore opérationnel), et mesures non conventionnelles de la BCE. Mais il faudra probablement aussi changer la donne, et faire évoluer la position allemande, comme on en débat au G8.
Article Der Spiegel (en)
Article de Gavyn Davies, blog du FT (en)
Article La Croix
Article Le Monde
Meilleur Cartoon à Tom Janssen dans Trouw.nl, Presseurop (en)
Les failles des dépots de garantie article Bloomberg 29/5/2012 (en)
vendredi 18 mai 2012
Moody's note les banques espagnoles et italiennes
Dans le cadre de la révision des notations des banques européennes annoncée le 15 février dernier, l'agence Moody's a publié ses rapports (en anglais) sur la notation des banques italiennes le 14 mai et celle des banques espagnoles le 17 mai.
Ces rapports sont peu encourageants: 26 banques italiennes dégradées, 16 banques espagnoles ainsi que Santander UK, avec pour ces notes des perspectives négatives.
Les raisons invoquées pour ces dégradations de notes sont pour les banques italiennes:
1 L'environnement: La récession qui revient et le programme d'austérité.
2 La qualité des actifs qui devient un défi à gérer avec la déterioration de la qualité des créances, les provisions nécessaires, l'affaiblissement des bénéfices nets.
3 De moindres facilités de financement sur les marchés, qui si elle persistent presseraient les banques à réduire leurs actifs, en posant des risques vis à vis de leurs franchises et de leurs gains.
et pour les banques espagnoles:
1 L'environnement: La récession qui se renouvelle, la crise de l'immobilier en cours, la persistance d'un chômage élevé.
2 L'impact de la note de l'Espagne sur les banques et sur la capacité du gouvernement espagnol à les soutenir.
3 La déterioration rapide de la qualité des actifs avec des prêts non performants des sociétés immobilières, et la perspective de déterioration de celle d'autres catégories de prêts.
4 La restriction de l'accès au financement sur les marchés, avec la crise de la dette de la zone euro qui continue à inquiéter les investisseurs sur les banques espagnoles et la dette du pays.
Ces rapports sont peu encourageants: 26 banques italiennes dégradées, 16 banques espagnoles ainsi que Santander UK, avec pour ces notes des perspectives négatives.
Les raisons invoquées pour ces dégradations de notes sont pour les banques italiennes:
1 L'environnement: La récession qui revient et le programme d'austérité.
2 La qualité des actifs qui devient un défi à gérer avec la déterioration de la qualité des créances, les provisions nécessaires, l'affaiblissement des bénéfices nets.
3 De moindres facilités de financement sur les marchés, qui si elle persistent presseraient les banques à réduire leurs actifs, en posant des risques vis à vis de leurs franchises et de leurs gains.
et pour les banques espagnoles:
1 L'environnement: La récession qui se renouvelle, la crise de l'immobilier en cours, la persistance d'un chômage élevé.
2 L'impact de la note de l'Espagne sur les banques et sur la capacité du gouvernement espagnol à les soutenir.
3 La déterioration rapide de la qualité des actifs avec des prêts non performants des sociétés immobilières, et la perspective de déterioration de celle d'autres catégories de prêts.
4 La restriction de l'accès au financement sur les marchés, avec la crise de la dette de la zone euro qui continue à inquiéter les investisseurs sur les banques espagnoles et la dette du pays.
mardi 15 mai 2012
On reparle de la drachme (sortie de l'euro, grexit)
Cinquième année de récession économique pour la Grèce.
Chômage à 22% de la population active.
Chômage des moins de 25 ans à 53%.
Les élections législatives du 6 mai ouvrent une période d'incertitude, car une nouvelle coalition peine à se mettre en place afin de former un gouvernement. Les nouveaux élus radicaux s'opposent aux mesures d'économie imposées par le plan de refinancement de la dette négocié en mars. Dans le même temps, les sondages montrent que la population ne souhaite pas quitter l'euro à 75%. De nouvelles élections sont prévues le 17 juin.
La renégociation qui s'annonce commence par l'abandon d'un tabou: les responsables se sentent plus libres d'évoquer la sortie de l'euro par la Grèce, et la réintroduction de la drachme. Wolfgang Schauble, ministre allemand des finances, le 4 mai (Reuters) "La Grèce doit respecter les engagements pris, ou sinon, elle devra en assumer les conséquences." La menace est l'arrêt des versements de l'aide européenne, et la sortie de la zone euro.
Cette menace n'est pas à prendre légèrement: Selon le Spiegel, un groupe de travail allemand dépendant du ministère des finances à élaboré depuis un an sur le scénario de réintroduction de la drachme et ses conséquences. Résultat: cette hypothèse n'est plus un épouvantail pour les responsables allemands: Ils ont maintenant des chiffres précis sous les yeux, une alternative, un plan B par rapport au tonneau des danaïdes que constitue cet accord de refinancement de la dette grecque, qui déjà n'est plus crédible, deux mois seulement après avoir été signé.
Le Financial Times rapporte les propos des membres du conseil de la BCE.
Luc Coene (Belgique): "Je suppose qu'un divorce à l'amiable - si jamais c'est nécessaire - serait possible, mais cependant je le regretterais."
Patrick Honohan (Irlande): "Des choses peuvent arriver qui ne sont pas imaginées dans les traités. ... Techniquement, cela [une sortie de la Grèce de la zone euro] peut être géré. Ce n'est pas nécessairement fatal, mais ce n'est pas plaisant."
Déni de Jean-Claude Juncker, qui préside les ministres des finances de la zone euro, le 14 mai: "Je n'envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro: C'est du non-sense, c'est de la propagande."
MAJ: Le 16 mai, Christine Lagarde, directeur du FMI, évoque sur France 24 une "sortie ordonnée" de la Grèce de la zone euro, "qui serait extraordinairement coûteuse", mais une option qu"on est obligé de considérer techniquement".
L"euro est survendu, à 1,27 contre le dollar américain le 16 mai.
Article Bloomberg (en)
Article du Spiegel (en)
Article du Point
Article du Financial Times (en)
Le Guardian (en)
Chômage à 22% de la population active.
Chômage des moins de 25 ans à 53%.
Les élections législatives du 6 mai ouvrent une période d'incertitude, car une nouvelle coalition peine à se mettre en place afin de former un gouvernement. Les nouveaux élus radicaux s'opposent aux mesures d'économie imposées par le plan de refinancement de la dette négocié en mars. Dans le même temps, les sondages montrent que la population ne souhaite pas quitter l'euro à 75%. De nouvelles élections sont prévues le 17 juin.
La renégociation qui s'annonce commence par l'abandon d'un tabou: les responsables se sentent plus libres d'évoquer la sortie de l'euro par la Grèce, et la réintroduction de la drachme. Wolfgang Schauble, ministre allemand des finances, le 4 mai (Reuters) "La Grèce doit respecter les engagements pris, ou sinon, elle devra en assumer les conséquences." La menace est l'arrêt des versements de l'aide européenne, et la sortie de la zone euro.
Cette menace n'est pas à prendre légèrement: Selon le Spiegel, un groupe de travail allemand dépendant du ministère des finances à élaboré depuis un an sur le scénario de réintroduction de la drachme et ses conséquences. Résultat: cette hypothèse n'est plus un épouvantail pour les responsables allemands: Ils ont maintenant des chiffres précis sous les yeux, une alternative, un plan B par rapport au tonneau des danaïdes que constitue cet accord de refinancement de la dette grecque, qui déjà n'est plus crédible, deux mois seulement après avoir été signé.
Le Financial Times rapporte les propos des membres du conseil de la BCE.
Luc Coene (Belgique): "Je suppose qu'un divorce à l'amiable - si jamais c'est nécessaire - serait possible, mais cependant je le regretterais."
Patrick Honohan (Irlande): "Des choses peuvent arriver qui ne sont pas imaginées dans les traités. ... Techniquement, cela [une sortie de la Grèce de la zone euro] peut être géré. Ce n'est pas nécessairement fatal, mais ce n'est pas plaisant."
Déni de Jean-Claude Juncker, qui préside les ministres des finances de la zone euro, le 14 mai: "Je n'envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro: C'est du non-sense, c'est de la propagande."
MAJ: Le 16 mai, Christine Lagarde, directeur du FMI, évoque sur France 24 une "sortie ordonnée" de la Grèce de la zone euro, "qui serait extraordinairement coûteuse", mais une option qu"on est obligé de considérer techniquement".
L"euro est survendu, à 1,27 contre le dollar américain le 16 mai.
Article Bloomberg (en)
Article du Spiegel (en)
Article du Point
Article du Financial Times (en)
Le Guardian (en)
dimanche 13 mai 2012
Bankia nationalisée
Le gouvernement espagnol nationalise la 4ème banque du pays, Bankia, et demande aux banques espagnoles d'accroître leurs provisions pour créances douteuses de 30 milliards d'euros.
Le secteur bancaire espagnol reste fragilisé par la bulle de l'immobilier (1997-2007).
Le Spiegel estime les mauvaises créances pour l'ensemble du secteur à 180 milliards d'euros.
Comme l'Irlande l'a fait auparavant, l'Espagne semble devoir sauver ses banques en s'endettant. Mais est-ce possible au taux de 6,1% à 10 ans et avec une économie à la peine (-0,3% au 4ème trimestre 2011)?
Cette crise semble durer bien trop longtemps: trois plans de réforme des banques impliquant 115 milliards d'euros de soutien au secteur ont été mis en œuvre depuis 2008 (selon Greenleft), tandis que les "indignados" vilipendent financiers et politiciens, tenus pour responsables d'un chômage accablant qui touche en particulier les jeunes gens.
La commission européenne propose de former une expertise indépendante chargée de réunir les emprunts toxiques dans une banque spéciale, dite banque de défaisance.
MAJ 18 mai:
Le rapport de l'agence Moody's sur les banques espagnoles (en)
Article du Monde
Article du Spiegel (en)
Article The Economist (en)
Article El Pais (en espanol)
Article du journal australien Green Left (en)
Le secteur bancaire espagnol reste fragilisé par la bulle de l'immobilier (1997-2007).
Le Spiegel estime les mauvaises créances pour l'ensemble du secteur à 180 milliards d'euros.
Comme l'Irlande l'a fait auparavant, l'Espagne semble devoir sauver ses banques en s'endettant. Mais est-ce possible au taux de 6,1% à 10 ans et avec une économie à la peine (-0,3% au 4ème trimestre 2011)?
Cette crise semble durer bien trop longtemps: trois plans de réforme des banques impliquant 115 milliards d'euros de soutien au secteur ont été mis en œuvre depuis 2008 (selon Greenleft), tandis que les "indignados" vilipendent financiers et politiciens, tenus pour responsables d'un chômage accablant qui touche en particulier les jeunes gens.
La commission européenne propose de former une expertise indépendante chargée de réunir les emprunts toxiques dans une banque spéciale, dite banque de défaisance.
MAJ 18 mai:
Le rapport de l'agence Moody's sur les banques espagnoles (en)
Article du Monde
Article du Spiegel (en)
Article The Economist (en)
Article El Pais (en espanol)
Article du journal australien Green Left (en)
mercredi 18 avril 2012
Le rapport d'avril du FMI sur la crise de l'euro
Le bulletin d'avril du Fonds Monétaire International (en) sur les perspectives économiques mondiales parle de l'euro:
extraits
"La croissance repart, les dangers demeurent"
Chapitre 2: Europe, crise, récession et contagion
"Au dernier trimestre 2011, les craintes renouvelées que la crise de la zone euro ne s'aggrave et ne s'étende ont entrainé une période d'incertitude et d'élargissement des primes de risques, contribuant à un ralentissement plus brutal qu'attendu dans la zone euro, avec des retombées sur le reste de l'Europe et au-delà."
"La Banque centrale européenne (BCE) a soulagé les tensions de financement du secteur bancaire avec ses opérations de refinancement à long terme. Ces mesures, combinées avec le renforcement par étape du pacte fiscal, des réformes structurelles et la consolidation budgétaire, ont réussi à stabiliser le sentiment des marchés et à atténuer l'incertitude. La récente décision de renforcer le pare-feu de l'Union européenne renforce ces efforts politiques. Le scénario de référence prévoit un retour progressif à la croissance courant 2012-2013."
"La possibilité que la crise s'aggrave à nouveau demeure un risque négatif majeur pour la croissance économique et la stabilité du secteur financier jusqu'à ce que les problèmes sous-jacents à la crise soient résolus."
Plus loin est présenté un scénario d'aggravation de la crise de l'euro impactant l'économie mondiale:
Les marchés financiers pourraient évoluer de façon beaucoup plus couplée comme en 2008-2009, avec élévation des taux et des primes de risques. Le pic d'incertitude et l'aversion au risque pourraient affecter les demandes intérieures. Les échanges internationaux pourraient décliner, affectant les économies exportatrices. Les exportations de pétrole et de matières premières pourraient diminuer.
Les défis politiques:
"La priorité-clef en Europe est de prévenir l'aggravation des dettes d'états et de la crise de croissance dans la zone euro tout en travaillant à résoudre les causes fondamentales."
"La plupart des économies de la région demandent une politique mixte qui soutienne le retour à la croissance tout en adressant les défis de soutenabilité de la fiscalité et les vulnérabilités du secteur financier."
"La BCE devrait abaisser sa politique de taux et continuer à user de moyens non-conventionnels pour gérer le financement des banques et les problèmes de liquidité."
Plus loin, le rapport approuve la mise en place du nouveau Mécanisme Européen de Stabilité. Elle recommande de recapitaliser les banques, et de créer une structure pan-européenne capable de faire cela.
Enfin, le rapport suggère que les failles inhérentes du système de l'Union soient adressées par des mécanismes forts imposant des politiques fiscales responsables. Le partage du risque fiscal entre les pays de la zone devra être implémenté au moyen par exemple d'un MES étendu. L'intégration des secteurs financiers de la zone est prioritaire avec une supervision transfrontalière, des mécanismes de résolution et l'assurance des dépôts avec un filet de sécurité commun. (actuellement le Fonds Européen de Stabilité Financière ne couvre pas directement les banques, mais seulement les états)
extraits
"La croissance repart, les dangers demeurent"
Chapitre 2: Europe, crise, récession et contagion
"Au dernier trimestre 2011, les craintes renouvelées que la crise de la zone euro ne s'aggrave et ne s'étende ont entrainé une période d'incertitude et d'élargissement des primes de risques, contribuant à un ralentissement plus brutal qu'attendu dans la zone euro, avec des retombées sur le reste de l'Europe et au-delà."
"La Banque centrale européenne (BCE) a soulagé les tensions de financement du secteur bancaire avec ses opérations de refinancement à long terme. Ces mesures, combinées avec le renforcement par étape du pacte fiscal, des réformes structurelles et la consolidation budgétaire, ont réussi à stabiliser le sentiment des marchés et à atténuer l'incertitude. La récente décision de renforcer le pare-feu de l'Union européenne renforce ces efforts politiques. Le scénario de référence prévoit un retour progressif à la croissance courant 2012-2013."
"La possibilité que la crise s'aggrave à nouveau demeure un risque négatif majeur pour la croissance économique et la stabilité du secteur financier jusqu'à ce que les problèmes sous-jacents à la crise soient résolus."
Plus loin est présenté un scénario d'aggravation de la crise de l'euro impactant l'économie mondiale:
Les marchés financiers pourraient évoluer de façon beaucoup plus couplée comme en 2008-2009, avec élévation des taux et des primes de risques. Le pic d'incertitude et l'aversion au risque pourraient affecter les demandes intérieures. Les échanges internationaux pourraient décliner, affectant les économies exportatrices. Les exportations de pétrole et de matières premières pourraient diminuer.
Les défis politiques:
"La priorité-clef en Europe est de prévenir l'aggravation des dettes d'états et de la crise de croissance dans la zone euro tout en travaillant à résoudre les causes fondamentales."
"La plupart des économies de la région demandent une politique mixte qui soutienne le retour à la croissance tout en adressant les défis de soutenabilité de la fiscalité et les vulnérabilités du secteur financier."
"La BCE devrait abaisser sa politique de taux et continuer à user de moyens non-conventionnels pour gérer le financement des banques et les problèmes de liquidité."
Plus loin, le rapport approuve la mise en place du nouveau Mécanisme Européen de Stabilité. Elle recommande de recapitaliser les banques, et de créer une structure pan-européenne capable de faire cela.
Enfin, le rapport suggère que les failles inhérentes du système de l'Union soient adressées par des mécanismes forts imposant des politiques fiscales responsables. Le partage du risque fiscal entre les pays de la zone devra être implémenté au moyen par exemple d'un MES étendu. L'intégration des secteurs financiers de la zone est prioritaire avec une supervision transfrontalière, des mécanismes de résolution et l'assurance des dépôts avec un filet de sécurité commun. (actuellement le Fonds Européen de Stabilité Financière ne couvre pas directement les banques, mais seulement les états)
dimanche 15 avril 2012
Nouvelles tensions sur les taux de l'Espagne et l'Italie
Les taux à 10 ans sont montés à 5,98% pour l'Espagne la semaine dernière, en rapport avec le calendrier des émissions d'emprunts par l'état.
Les tensions ont affecté aussi par contagion les taux portugais et italiens, le taux italien à 10 ans est monté à 5,52%.
La BCE n'a pas réactivé son programme d'achat d'emprunts des états de la zone.
En Espagne, les programmes de réduction du déficit budgétaire sont particulièrement sévères alors que le taux de chômage est très élevé à 23% de la population active, qui affecte particulièrement les jeunes.
L'Espagne a engagé des réformes du marché du travail et du système bancaire. Des économies sont demandées aux régions sur l'éducation et la santé. Ce pays s'efforce aussi de réduire l'économie souterraine (travail au noir), de limiter l'évasion fiscale, et d'engager des privatisations.
lire
Le New York Times (en)
Bloomberg (en)
The economist (en)
Les tensions ont affecté aussi par contagion les taux portugais et italiens, le taux italien à 10 ans est monté à 5,52%.
La BCE n'a pas réactivé son programme d'achat d'emprunts des états de la zone.
En Espagne, les programmes de réduction du déficit budgétaire sont particulièrement sévères alors que le taux de chômage est très élevé à 23% de la population active, qui affecte particulièrement les jeunes.
L'Espagne a engagé des réformes du marché du travail et du système bancaire. Des économies sont demandées aux régions sur l'éducation et la santé. Ce pays s'efforce aussi de réduire l'économie souterraine (travail au noir), de limiter l'évasion fiscale, et d'engager des privatisations.
lire
Le New York Times (en)
Bloomberg (en)
The economist (en)
mercredi 4 avril 2012
Conférence de presse de Mario Draghi sur la décision de la BCE
Monsieur Draghi s'exprime sur le site de la BCE en anglais ici
Extraits:
"Sur la base de nos analyses régulières économiques et monétaires, nous avons décidé de maintenir les taux directeurs de la BCE inchangés."
"Les taux d'inflation sont susceptibles de rester au-dessus de 2% en 2012, avec des risques à la hausse qui prévalent."
"Les perspectives économiques restent affectés par des risques à la baisse."
"Il est également important de garder à l'esprit que tous nos mesures non conventionnelles de politique monétaire sont de nature temporaire et que tous les outils nécessaires sont disponibles pour répondre à la hausse des risques pour la stabilité des prix à moyen terme de façon ferme et en temps opportun."
"Afin de soutenir la confiance, la croissance durable et l'emploi, le Conseil des gouverneurs appelle les gouvernements à assainir les finances publiques et à mettre en œuvre de solides réformes structurelles. Les engagements pris en vertu de Pacte de stabilité et de croissance doivent être pleinement honorés et les faiblesses de la compétitivité adressées avec force. Les décideurs nationaux doivent assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la viabilité budgétaire, augmenter la capacité d'ajustement des marchés des produits et du travail, pour améliorer la productivité et la compétitivité, et veiller à la solidité de leur système financier. En particulier, les pays qui ont subi des pertes en compétitivité vis à vis des coûts doivent assurer un ajustement des salaires suffisant et stimuler la croissance de leur productivité."
Mon souhait est que nos candidats à la présidence lisent et comprennent ce dernier paragraphe: en France aussi, il faut baisser les salaires, rééquilibrer le budget, et engager des réformes.
Extraits:
"Sur la base de nos analyses régulières économiques et monétaires, nous avons décidé de maintenir les taux directeurs de la BCE inchangés."
"Les taux d'inflation sont susceptibles de rester au-dessus de 2% en 2012, avec des risques à la hausse qui prévalent."
"Les perspectives économiques restent affectés par des risques à la baisse."
"Il est également important de garder à l'esprit que tous nos mesures non conventionnelles de politique monétaire sont de nature temporaire et que tous les outils nécessaires sont disponibles pour répondre à la hausse des risques pour la stabilité des prix à moyen terme de façon ferme et en temps opportun."
"Afin de soutenir la confiance, la croissance durable et l'emploi, le Conseil des gouverneurs appelle les gouvernements à assainir les finances publiques et à mettre en œuvre de solides réformes structurelles. Les engagements pris en vertu de Pacte de stabilité et de croissance doivent être pleinement honorés et les faiblesses de la compétitivité adressées avec force. Les décideurs nationaux doivent assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la viabilité budgétaire, augmenter la capacité d'ajustement des marchés des produits et du travail, pour améliorer la productivité et la compétitivité, et veiller à la solidité de leur système financier. En particulier, les pays qui ont subi des pertes en compétitivité vis à vis des coûts doivent assurer un ajustement des salaires suffisant et stimuler la croissance de leur productivité."
Mon souhait est que nos candidats à la présidence lisent et comprennent ce dernier paragraphe: en France aussi, il faut baisser les salaires, rééquilibrer le budget, et engager des réformes.
lundi 2 avril 2012
A.R.J.Turgot, Adam Smith et Walter Bagehot discutent de l'euro
Dans un univers parallèle, votre apprenti économiste a invité les grands penseurs de l'économie à discuter de la crise de l'euro.
AE: Monsieur Turgot, monsieur le baron, merci d'être venu.
A.R.J. Turgot: Je suis heureux de participer.
AE: Monsieur Turgot, le 24 août 1774, vous fûtes nommé contrôleur général sous Louis XVI, alors que le pays était au bord de la faillite. Comment avez-vous rétabli la situation?
A.R.J. Turgot: Ma formule était: "Pas de faillite, pas d'augmentation d'impôts, pas d'endettement nouveau". J'ai fait économiser l'état, supprimer les sinécures. Je suis intervenu pour limiter les générosités du roi envers ses clients. J'ai fait réformer le système des retraites, les croupes, ainsi que le monopole d'état sur la poudre à canon et les diligences. En administrant mieux, en maîtrisant le budget de l'état, nous sommes parvenus à réduire le déficit public et à restaurer la confiance des banquiers en seulement deux ans. Nous avons même supprimé quelques impôts et octrois. Mais je me suis fait beaucoup d'ennemis...
AE: Que pensez-vous de ceux de nos candidats qui proposent aujourd'hui d'augmenter la fiscalité?
A.R.J. Turgot: C'est une erreur. Cela représente une régression. Voudriez-vous réintroduire la corvée pour employer les jeunes chômeurs ? Ou encore rétablir les guildes et leurs privilèges ?
AE: Monsieur Adam Smith voudrait intervenir.
Adam Smith: Bonjour à tous. Quel plaisir de revoir Anne-Robert. François n'est pas là ?
François Quesnay: Bonjour Adam. Heureux de te revoir en pleine forme.
AE: Monsieur Smith, dites-nous, est-ce que la globalisation est la source de la crise actuelle ?
A. Smith: Oui et non. La globalisation est bénéfique, elle accroît la richesse des nations. A terme, l'ensemble du monde sera si prospère que la question ne se posera même plus. Mais c'est aussi une question de démographie: l'énorme potentiel de travailleurs à employer fait les salaires trop bas. Le rééquilibrage prendra encore du temps, parce que les nouveaux acteurs devront évoluer.
AE: Monsieur Smith, faut-il restreindre les importations pour acheter français ?
A.Smith: Ce serait appauvrir ce pays. Soyons égoistes, achetons au meilleur prix: c'est le meilleur moyen de laisser la main invisible des marchés agir peu à peu au service de la prospérité commune.
AE: Walter Bagehot a bien voulu se déplacer pour nous dire un mot.
W. Bagehot: Ah, beau temps! Bonjour les amis. Je vois que ce blog cite mon excellent journal: The Economist. Que n'aurais-je fait si internet avait existé plus tôt!
AE: Monsieur Bagehot, que pensez-vous de la crise de l'euro ?
W. Bagehot: La faillite de la banque Overend, Gurney & Company en 1866 m'a enseigné la contagion: 200 faillites ont suivi la première. Pour éviter ce genre de panique, il faut qu'existe un prêteur de dernier recours. C'est le rôle d'une banque centrale.
AE: Les actions de la BCE et le nouveau pare-feu qu'est le MSE vont donc dans la bonne direction ?
W. Bagehot: Oui et non. Idéalement, les prêts ne doivent pas être bradés. Ils doivent être garantis. Il ne devrait pas exister de limite à leur étendue.
AE: Merci messieurs de vos interventions.
AE: Monsieur Turgot, monsieur le baron, merci d'être venu.
A.R.J. Turgot: Je suis heureux de participer.
AE: Monsieur Turgot, le 24 août 1774, vous fûtes nommé contrôleur général sous Louis XVI, alors que le pays était au bord de la faillite. Comment avez-vous rétabli la situation?
A.R.J. Turgot: Ma formule était: "Pas de faillite, pas d'augmentation d'impôts, pas d'endettement nouveau". J'ai fait économiser l'état, supprimer les sinécures. Je suis intervenu pour limiter les générosités du roi envers ses clients. J'ai fait réformer le système des retraites, les croupes, ainsi que le monopole d'état sur la poudre à canon et les diligences. En administrant mieux, en maîtrisant le budget de l'état, nous sommes parvenus à réduire le déficit public et à restaurer la confiance des banquiers en seulement deux ans. Nous avons même supprimé quelques impôts et octrois. Mais je me suis fait beaucoup d'ennemis...
AE: Que pensez-vous de ceux de nos candidats qui proposent aujourd'hui d'augmenter la fiscalité?
A.R.J. Turgot: C'est une erreur. Cela représente une régression. Voudriez-vous réintroduire la corvée pour employer les jeunes chômeurs ? Ou encore rétablir les guildes et leurs privilèges ?
AE: Monsieur Adam Smith voudrait intervenir.
Adam Smith: Bonjour à tous. Quel plaisir de revoir Anne-Robert. François n'est pas là ?
François Quesnay: Bonjour Adam. Heureux de te revoir en pleine forme.
AE: Monsieur Smith, dites-nous, est-ce que la globalisation est la source de la crise actuelle ?
A. Smith: Oui et non. La globalisation est bénéfique, elle accroît la richesse des nations. A terme, l'ensemble du monde sera si prospère que la question ne se posera même plus. Mais c'est aussi une question de démographie: l'énorme potentiel de travailleurs à employer fait les salaires trop bas. Le rééquilibrage prendra encore du temps, parce que les nouveaux acteurs devront évoluer.
AE: Monsieur Smith, faut-il restreindre les importations pour acheter français ?
A.Smith: Ce serait appauvrir ce pays. Soyons égoistes, achetons au meilleur prix: c'est le meilleur moyen de laisser la main invisible des marchés agir peu à peu au service de la prospérité commune.
AE: Walter Bagehot a bien voulu se déplacer pour nous dire un mot.
W. Bagehot: Ah, beau temps! Bonjour les amis. Je vois que ce blog cite mon excellent journal: The Economist. Que n'aurais-je fait si internet avait existé plus tôt!
AE: Monsieur Bagehot, que pensez-vous de la crise de l'euro ?
W. Bagehot: La faillite de la banque Overend, Gurney & Company en 1866 m'a enseigné la contagion: 200 faillites ont suivi la première. Pour éviter ce genre de panique, il faut qu'existe un prêteur de dernier recours. C'est le rôle d'une banque centrale.
AE: Les actions de la BCE et le nouveau pare-feu qu'est le MSE vont donc dans la bonne direction ?
W. Bagehot: Oui et non. Idéalement, les prêts ne doivent pas être bradés. Ils doivent être garantis. Il ne devrait pas exister de limite à leur étendue.
AE: Merci messieurs de vos interventions.
MES, Mécanisme Européen de Stabilité: 800 milliards d'euros
Le MES, Mécanisme Européen de Stabilité disposera de plus de 800 milliards d'euros pour assumer le rôle de prêteur de dernier recours auprès des états européens en difficulté de refinancement. Ce pare-feu est destiné à éviter la contagion des tensions sur les taux d'intérêt des emprunts d'état des pays de la zone. Il devrait ainsi réduire la nécessité des interventions de la BCE destinées à soulager ces tensions.
L'ampleur de ce fonds chiffre la volonté européenne de faire face aux difficultés de la monnaie unique. Ce sera un argument pour demander davantage d'implication du FMI pour prévenir l'impact de la crise de l'euro sur l'économie mondiale.
Pour finir sur une note optimiste, lisez cet article (en) qui explique comment la mise en place du dollar américain s'est faite dans les difficultés, après sa création en 1790, avec faillites successives des états, plans de sauvetage multiples, puis cessation des refinancements, et mise en place d'une discipline budgétaire stricte en 1840.
L'ampleur de ce fonds chiffre la volonté européenne de faire face aux difficultés de la monnaie unique. Ce sera un argument pour demander davantage d'implication du FMI pour prévenir l'impact de la crise de l'euro sur l'économie mondiale.
Pour finir sur une note optimiste, lisez cet article (en) qui explique comment la mise en place du dollar américain s'est faite dans les difficultés, après sa création en 1790, avec faillites successives des états, plans de sauvetage multiples, puis cessation des refinancements, et mise en place d'une discipline budgétaire stricte en 1840.
vendredi 23 mars 2012
Le président de la BCE s'exprime dans le Bild
Mario Draghi, président de la BCE, s'exprime dans le Bild (en allemand).
Extraits:
Sur le modèle allemand:
"L'Allemagne est un exemple. Le vieux modèle européen de l'état-providence est en fait mort, car, trop souvent, il ne peut pas se passer de la dette. Les Allemands l'ont ré-inventé mais sans endettement excessif".
Sur l'inflation:
"Si vous considérez le prix du pétrole et les hausses d'impôts des dernières années par de nombreux gouvernements, l'inflation est stable depuis des mois à 1,5 pour cent. Si les perspectives d'inflation s'aggravent, nous allons immédiatement intervenir à titre préventif."
Sur les 1000 milliards d'euros des LTROs:
"Les banques, à qui la BCE a prêté, ont échoué en grande partie à investir dans le cycle économique, mais elles ont été soulagées de leur dette ancienne. L'argent est neutralisé vis à vis de l'inflation."
Le chef de la Bundesbank s'alarme des LTROs:
"Avec Jens Weidmann je m'entends très bien professionnellement et personnellement. Notre différence d'opinion a été exagérée."
"L'automne dernier, la situation était vraiment critique. On aurait eu un resserrement du crédit dangereux pour les banques et donc des faillites d'entreprises qui auraient été soudainement à sec financièrement. Nous avons dû arrêter cela."
Sur la crise de l'euro:
"Le pire est passé, mais il y a toujours des risques. La situation se stabilise. Les indicateurs clés dans la zone euro, tels que l'inflation, les comptes courants et les déficits budgétaires, en particulier, sont meilleurs que, par exemple, aux États-Unis. Le retour de la confiance des investisseurs a fait que la BCE n'a pas eu à soutenir les obligations d'état depuis des semaines. La balle est maintenant dans le camp des gouvernements. Ceux-ci doivent faire que la zone euro soit de façon permanente à l'abri des crises."
Mon opinion:
1) Une communication qui inclut des perspectives sur la politique future de la BCE devrait se trouver sur le site de la BCE plutôt que dans un journal privé.
2) La comparaison avec les Etats-Unis n'a guère de sens à mes yeux, car les USA ont un gouvernement fédéral alors que l'Europe n'a pas de gouvernement.
Extraits:
Sur le modèle allemand:
"L'Allemagne est un exemple. Le vieux modèle européen de l'état-providence est en fait mort, car, trop souvent, il ne peut pas se passer de la dette. Les Allemands l'ont ré-inventé mais sans endettement excessif".
Sur l'inflation:
"Si vous considérez le prix du pétrole et les hausses d'impôts des dernières années par de nombreux gouvernements, l'inflation est stable depuis des mois à 1,5 pour cent. Si les perspectives d'inflation s'aggravent, nous allons immédiatement intervenir à titre préventif."
Sur les 1000 milliards d'euros des LTROs:
"Les banques, à qui la BCE a prêté, ont échoué en grande partie à investir dans le cycle économique, mais elles ont été soulagées de leur dette ancienne. L'argent est neutralisé vis à vis de l'inflation."
Le chef de la Bundesbank s'alarme des LTROs:
"Avec Jens Weidmann je m'entends très bien professionnellement et personnellement. Notre différence d'opinion a été exagérée."
"L'automne dernier, la situation était vraiment critique. On aurait eu un resserrement du crédit dangereux pour les banques et donc des faillites d'entreprises qui auraient été soudainement à sec financièrement. Nous avons dû arrêter cela."
Sur la crise de l'euro:
"Le pire est passé, mais il y a toujours des risques. La situation se stabilise. Les indicateurs clés dans la zone euro, tels que l'inflation, les comptes courants et les déficits budgétaires, en particulier, sont meilleurs que, par exemple, aux États-Unis. Le retour de la confiance des investisseurs a fait que la BCE n'a pas eu à soutenir les obligations d'état depuis des semaines. La balle est maintenant dans le camp des gouvernements. Ceux-ci doivent faire que la zone euro soit de façon permanente à l'abri des crises."
Mon opinion:
1) Une communication qui inclut des perspectives sur la politique future de la BCE devrait se trouver sur le site de la BCE plutôt que dans un journal privé.
2) La comparaison avec les Etats-Unis n'a guère de sens à mes yeux, car les USA ont un gouvernement fédéral alors que l'Europe n'a pas de gouvernement.
mercredi 21 mars 2012
Présidentielle France: la crise de l'euro devrait être au coeur du débat
Opinion: Présidentielle France: la crise de l'euro devrait être au cœur du débat.
La campagne est lancée.
Faisons le test de rechercher le mot "euro" sur le site de nos candidats pour voir ce qu'ils en disent:
Nathalie Artaud
François Bayrou
Jacques Cheminade
Nicolas Dupont-Aignan
François Hollande
Eva Joly
Marine Le Pen
Jean-Luc Mélenchon
Philippe Poutou
Nicolas Sarkozy
Mon opinion:
L'euro est un peu comme un laboratoire: une monnaie fiduciaire représente une nouveauté. Je ne sais pas si un tel système sera viable à long terme. En adoptant l'euro, la France a perdu son indépendance budgétaire: le système, tel qu'il est actuellement, n'est pas prévu pour fonctionner avec des politiques divergentes basées sur le déficit public. La monnaie unique devrait rester rigide tant que l'Europe politique ne s'est pas davantage construite. A cause de l'euro, on ne peut pas rétablir une compétitivité internationale au moyen de la dévaluation: c'est important dans l'environnement concurrentiel de la globalisation en cours. Mais l'euro a aussi des avantages en matière de stabilité.
Il devient alors logique de s'interroger sur la réintroduction d'une monnaie nationale. C'est à dire de dénoncer les traités et s'engager dans une voie difficile: Quelle procédure pour la réintroduction ? Comment seront gérées les dettes en euros, des entreprises et des particuliers ? Quels moyens seront prévus pour éviter les faillites individuelles et d'entreprises que la dévaluation d'une monnaie nationale provoquera en accroissant d'autant les endettements ? Peut-on chiffrer le coût de ces moyens ? A quel niveau d'endettement sera l'état français après l'opération ? Comment sera prévenue la fuite des capitaux ? Comment les banques françaises seront-elles protégées de la faillite ? Il revient aux candidats de répondre à ces questions.
La crise de l'euro devraiit être prise en charge par les politiques, et non pas par la BCE, dont le mandat est limité. Les candidats devraient être en mesure de préciser comment ils comptent gérer une crise qui n'est probablement pas terminée. Ils devraient préciser leur position vis à vis d'une fiscalité commune européenne, dire si ils comptent s'engager ou non sur une réduction du déficit public, et comment ils appuieraient les mesures destinées à limiter la contagion.
Surtout, les candidats devraient préciser comment ils comptent accroître la compétitivité et stimuler la croissance de l'économie française. Pratiqueront-ils une politique d'orientation thatcherienne, avec réduction des salaires, et en facilitant le recours à l'intérim, comme l'a fait l'Allemagne depuis 10 ans?
Avec l'endettement actuel de la France, les notations de sa dette, et les tensions sur les taux qui se sont déjà manifestées, je pense que la marge de manœuvre n'existe guère. On ne libère pas une économie en accroissant les impôts. Je pense qu'il existe un fort décalage entre ce que perçoivent et voudraient les français, et ce que la situation économique et financière nous impose. En adoptant l'euro, la France s'est engagée, un peu contre son gré, dans un engrenage à sens unique, qui ne prendra tout son sens qu'avec un gouvernement européen.
Finalement, va-t-on expliquer enfin aux français que les réalités économiques sont plus fortes que la politique et l'idéologie ?
Lire l'article de the economist (en)
La campagne est lancée.
Faisons le test de rechercher le mot "euro" sur le site de nos candidats pour voir ce qu'ils en disent:
Nathalie Artaud
François Bayrou
Jacques Cheminade
Nicolas Dupont-Aignan
François Hollande
Eva Joly
Marine Le Pen
Jean-Luc Mélenchon
Philippe Poutou
Nicolas Sarkozy
Mon opinion:
L'euro est un peu comme un laboratoire: une monnaie fiduciaire représente une nouveauté. Je ne sais pas si un tel système sera viable à long terme. En adoptant l'euro, la France a perdu son indépendance budgétaire: le système, tel qu'il est actuellement, n'est pas prévu pour fonctionner avec des politiques divergentes basées sur le déficit public. La monnaie unique devrait rester rigide tant que l'Europe politique ne s'est pas davantage construite. A cause de l'euro, on ne peut pas rétablir une compétitivité internationale au moyen de la dévaluation: c'est important dans l'environnement concurrentiel de la globalisation en cours. Mais l'euro a aussi des avantages en matière de stabilité.
Il devient alors logique de s'interroger sur la réintroduction d'une monnaie nationale. C'est à dire de dénoncer les traités et s'engager dans une voie difficile: Quelle procédure pour la réintroduction ? Comment seront gérées les dettes en euros, des entreprises et des particuliers ? Quels moyens seront prévus pour éviter les faillites individuelles et d'entreprises que la dévaluation d'une monnaie nationale provoquera en accroissant d'autant les endettements ? Peut-on chiffrer le coût de ces moyens ? A quel niveau d'endettement sera l'état français après l'opération ? Comment sera prévenue la fuite des capitaux ? Comment les banques françaises seront-elles protégées de la faillite ? Il revient aux candidats de répondre à ces questions.
La crise de l'euro devraiit être prise en charge par les politiques, et non pas par la BCE, dont le mandat est limité. Les candidats devraient être en mesure de préciser comment ils comptent gérer une crise qui n'est probablement pas terminée. Ils devraient préciser leur position vis à vis d'une fiscalité commune européenne, dire si ils comptent s'engager ou non sur une réduction du déficit public, et comment ils appuieraient les mesures destinées à limiter la contagion.
Surtout, les candidats devraient préciser comment ils comptent accroître la compétitivité et stimuler la croissance de l'économie française. Pratiqueront-ils une politique d'orientation thatcherienne, avec réduction des salaires, et en facilitant le recours à l'intérim, comme l'a fait l'Allemagne depuis 10 ans?
Avec l'endettement actuel de la France, les notations de sa dette, et les tensions sur les taux qui se sont déjà manifestées, je pense que la marge de manœuvre n'existe guère. On ne libère pas une économie en accroissant les impôts. Je pense qu'il existe un fort décalage entre ce que perçoivent et voudraient les français, et ce que la situation économique et financière nous impose. En adoptant l'euro, la France s'est engagée, un peu contre son gré, dans un engrenage à sens unique, qui ne prendra tout son sens qu'avec un gouvernement européen.
Finalement, va-t-on expliquer enfin aux français que les réalités économiques sont plus fortes que la politique et l'idéologie ?
Lire l'article de the economist (en)
Le président de la Fed sur la situation en Europe
Ben S. Bernanke s'exprime sur la situation économique et financière en Europe et les actions entreprises par la Réserve Fédérale américaine dans ce cadre.
Le texte complet est ici (en).
Le président rappelle qu'un cinquième des exportations US se fait vers l'Europe et que la crise des dettes souveraines européennes a affecté l'économie US, les marchés financiers et et les banques US exposées au niveau du prix de leurs actions et de leur spread de crédit (écart de taux par rapport à l'emprunt d'état).
M. Bernanke reconnait que les tensions financières en Europe ont diminué ces derniers mois. Premièrement, avec les actions de la BCE: Deux LTROs, et l'assouplissement des règles sur les collatéraux et sur les réserves requises ont permis aux banques européennes de se refinancer jusqu'à trois ans et de calmer les inquiétudes sur leurs perspectives à court terme. Ce support a permis aux banques d'européennes d'acheter des obligations d'état, contribuant à réduire les coûts de la dette pour certains pays.
En second, les dirigeants de la zone euro, le gouvernement grec et les détenteurs privés de la dette grecque avancent des étapes pour rendre la fiscalité grecque soutenable. La dette de l'état grec est réduite de façon significative, les autorités grecques intensifient leurs efforts pour implémenter les réformes structurelles et fiscales, et l'Union européenne et le FMI ont affecté un montant considérable de fonds nouveaux au second plan d'aide. Cependant l'économie grecque reste dans une récession profonde.
En troisième, les dirigeants de la plupart des états membres de l'Union européenne ont approuvé un nouveau traité compact de fiscalité qui renforce les règles fiscales et leur application. Ce traité représente une étape positive pour résoudre la tension fondamentale qui existe de façon inhérente dans le fait d'avoir une union monétaire sans union fiscale. Ceci devrait aider à renforcer la viabilité de l'économie de la zone euro à long terme.
Bien que certains progrès aient été faits, d'autres restent à faire: la complète résolution de la crise demandera un renforcement supplémentaire du système bancaire européen; un élargissement significatif des systèmes de pare-feu destinés à empêcher la contagion sur les marchés des obligations d'état. Et, de façon déterminante, des efforts poursuivis pour accroître la croissance économique et la compétitivité et pour réduire les déséquilibres extérieurs dans les pays en difficulté.
M. Bernanke explique que ces développements européens ont amené la Réserve Fédérale a étendre les facilités d'échange (swap) du dollar réactivées en mai 2010, à taux réduit et jusqu'en février 2013. Les banques US ont été soumises à des tests incluant un scénario de crise sévère en Europe, avec récession profonde aux USA et chômage consécutif à 13% de la population active.
Le texte complet est ici (en).
Le président rappelle qu'un cinquième des exportations US se fait vers l'Europe et que la crise des dettes souveraines européennes a affecté l'économie US, les marchés financiers et et les banques US exposées au niveau du prix de leurs actions et de leur spread de crédit (écart de taux par rapport à l'emprunt d'état).
M. Bernanke reconnait que les tensions financières en Europe ont diminué ces derniers mois. Premièrement, avec les actions de la BCE: Deux LTROs, et l'assouplissement des règles sur les collatéraux et sur les réserves requises ont permis aux banques européennes de se refinancer jusqu'à trois ans et de calmer les inquiétudes sur leurs perspectives à court terme. Ce support a permis aux banques d'européennes d'acheter des obligations d'état, contribuant à réduire les coûts de la dette pour certains pays.
En second, les dirigeants de la zone euro, le gouvernement grec et les détenteurs privés de la dette grecque avancent des étapes pour rendre la fiscalité grecque soutenable. La dette de l'état grec est réduite de façon significative, les autorités grecques intensifient leurs efforts pour implémenter les réformes structurelles et fiscales, et l'Union européenne et le FMI ont affecté un montant considérable de fonds nouveaux au second plan d'aide. Cependant l'économie grecque reste dans une récession profonde.
En troisième, les dirigeants de la plupart des états membres de l'Union européenne ont approuvé un nouveau traité compact de fiscalité qui renforce les règles fiscales et leur application. Ce traité représente une étape positive pour résoudre la tension fondamentale qui existe de façon inhérente dans le fait d'avoir une union monétaire sans union fiscale. Ceci devrait aider à renforcer la viabilité de l'économie de la zone euro à long terme.
Bien que certains progrès aient été faits, d'autres restent à faire: la complète résolution de la crise demandera un renforcement supplémentaire du système bancaire européen; un élargissement significatif des systèmes de pare-feu destinés à empêcher la contagion sur les marchés des obligations d'état. Et, de façon déterminante, des efforts poursuivis pour accroître la croissance économique et la compétitivité et pour réduire les déséquilibres extérieurs dans les pays en difficulté.
M. Bernanke explique que ces développements européens ont amené la Réserve Fédérale a étendre les facilités d'échange (swap) du dollar réactivées en mai 2010, à taux réduit et jusqu'en février 2013. Les banques US ont été soumises à des tests incluant un scénario de crise sévère en Europe, avec récession profonde aux USA et chômage consécutif à 13% de la population active.
jeudi 15 mars 2012
Dette grecque: restructuration, défaut partiel
Un sujet fleuve, à épisodes, technique, compliqué, polémique, politique.
Je vais essayer de résumer et d'y voir clair:
En mai 2010, la dette de l'état grec était de 310 milliards d'euros détenus par des investisseurs privés. Elle se montait à 120% du PIB et le déficit public représentait 13,6% du PIB. Le FMI et la zone euro, avec le Fonds de stabilisation EFSF créé pour l'occasion, aident la Grèce à hauteur de 110 milliards d'euros (dont 27 milliards d'euros pour le FMI). C'est le premier plan de sauvetage.
A partir de mai 2010 la BCE commence à acheter les emprunts d'état et obligations privées de la Grèce et des autres pays de la zone. En février 2012, on sait que 219 milliards d'euros d'emprunts ont été achetés ainsi, qui sont en principe "stérilisés". La stérilisation consiste pour la BCE à faire en sorte que ces achats ne constituent pas une impression de billets. Les emprunts grecs achetés par la BCE de cette façon représenteraient 66 milliards d'euros (estimation JP Morgan).
Dans le même temps, la BCE assouplit ses règles pour accepter les emprunts grecs comme collatéraux quand elle prête aux banques. Dans ses deux dernières opérations de prêt à long terme (LTRO) en décembre 2011 et février 2012 portant sur près de 500 milliards d'euros chacune, elle accepte même les obligations privées comme collatéraux. Ainsi la BCE détient-t-elle des emprunts grecs directement, mais aussi sous forme de collatéraux, dans une sorte d'écheveau dont la transparence n'est pas optimale.
Février 2012: la dette de l'état grec se monte à xxx (les sources divergent) milliards d'euros. Un accord de restructuration de cette dette prend forme, avec une aide sous forme d'un nouveau prêt de 137 milliards d'euros, dont le FMI fournira 28 milliards d'euros, lié à la mise en œuvre effective de coupes budgétaires. Cet argent ira pour 40 milliards d'euros à recapitaliser les banques et assurances grecques. 30 milliards d'euros serviront à faire accepter un montage de swap compliqué à la majorité des détenteurs privés: Il s'agit d'une reconduction de la dette grecque sur une longue durée avec un intérêt qui croîtra au fil du temps, et qui demande à ces détenteurs privés d'accepter une perte de valeur de 53,5% sur la valeur nominale des emprunts. Ainsi 59 milliards d'euros serviront effectivement à réduire la dette grecque détenue par le privé. Elle deviendra alors détenue en majorité par les institutions publiques. L'endettement a changé de mains, mais en fait il demeure: à fin 2012, la dette grecque devrait représenter yyy (je ne trouve pas l'info) milliards d'euros, soit 161% de son PIB. Cependant cet accord représente un effort de solidarité, de l'Europe et du monde, destiné à éviter une faillite des institutions grecques, et à garantir la stabilité de la zone euro.
Le blog Euro Crisis (en)
Article de Bloomberg (en)
Le blog Coulisses de Bruxelles (fr)
Je vais essayer de résumer et d'y voir clair:
En mai 2010, la dette de l'état grec était de 310 milliards d'euros détenus par des investisseurs privés. Elle se montait à 120% du PIB et le déficit public représentait 13,6% du PIB. Le FMI et la zone euro, avec le Fonds de stabilisation EFSF créé pour l'occasion, aident la Grèce à hauteur de 110 milliards d'euros (dont 27 milliards d'euros pour le FMI). C'est le premier plan de sauvetage.
A partir de mai 2010 la BCE commence à acheter les emprunts d'état et obligations privées de la Grèce et des autres pays de la zone. En février 2012, on sait que 219 milliards d'euros d'emprunts ont été achetés ainsi, qui sont en principe "stérilisés". La stérilisation consiste pour la BCE à faire en sorte que ces achats ne constituent pas une impression de billets. Les emprunts grecs achetés par la BCE de cette façon représenteraient 66 milliards d'euros (estimation JP Morgan).
Dans le même temps, la BCE assouplit ses règles pour accepter les emprunts grecs comme collatéraux quand elle prête aux banques. Dans ses deux dernières opérations de prêt à long terme (LTRO) en décembre 2011 et février 2012 portant sur près de 500 milliards d'euros chacune, elle accepte même les obligations privées comme collatéraux. Ainsi la BCE détient-t-elle des emprunts grecs directement, mais aussi sous forme de collatéraux, dans une sorte d'écheveau dont la transparence n'est pas optimale.
Février 2012: la dette de l'état grec se monte à xxx (les sources divergent) milliards d'euros. Un accord de restructuration de cette dette prend forme, avec une aide sous forme d'un nouveau prêt de 137 milliards d'euros, dont le FMI fournira 28 milliards d'euros, lié à la mise en œuvre effective de coupes budgétaires. Cet argent ira pour 40 milliards d'euros à recapitaliser les banques et assurances grecques. 30 milliards d'euros serviront à faire accepter un montage de swap compliqué à la majorité des détenteurs privés: Il s'agit d'une reconduction de la dette grecque sur une longue durée avec un intérêt qui croîtra au fil du temps, et qui demande à ces détenteurs privés d'accepter une perte de valeur de 53,5% sur la valeur nominale des emprunts. Ainsi 59 milliards d'euros serviront effectivement à réduire la dette grecque détenue par le privé. Elle deviendra alors détenue en majorité par les institutions publiques. L'endettement a changé de mains, mais en fait il demeure: à fin 2012, la dette grecque devrait représenter yyy (je ne trouve pas l'info) milliards d'euros, soit 161% de son PIB. Cependant cet accord représente un effort de solidarité, de l'Europe et du monde, destiné à éviter une faillite des institutions grecques, et à garantir la stabilité de la zone euro.
Le blog Euro Crisis (en)
Article de Bloomberg (en)
Le blog Coulisses de Bruxelles (fr)
mardi 13 mars 2012
CAPITALISM un vieux jeu cool pour s'initier ou se détendre
Un jeu abandonware à télécharger: CAPITALISM (de 1995)
Il s'agit d'une simulation de gestion d'entreprise dans un environnement capitaliste simplifié.
En français sur abandonware-france.org
Cet excellent jeu reste très instructif pour s'initier et comprendre la difficulté qu'il y a à manager une entreprise dans un environnement concurrentiel.
Essayer "nouvelle partie" et dans "réglages du jeu" choisissez "importations"; augmentez le nombre de ports à 10 et 10 et définissez la qualité des produits d'importation à "forte". Faites "OK", puis fixez le menu "Tempo" à "Maximum" et regardez ce qui se passe: les sociétés qui s'en sortent le mieux sont celles qui n'ont que des grands magasins. Vous avez le modèle d'un pays où on ne parvient à rentabiliser que la distribution, tandis que les usines ne sont pas viables, sauf frais de recherche et développement coûteux ou marques fortes. C'est un peu l'Europe aujourd'hui où les produits importés sont trop attractifs et ruinent les manufactures locales.
Il s'agit d'une simulation de gestion d'entreprise dans un environnement capitaliste simplifié.
En français sur abandonware-france.org
Cet excellent jeu reste très instructif pour s'initier et comprendre la difficulté qu'il y a à manager une entreprise dans un environnement concurrentiel.
Essayer "nouvelle partie" et dans "réglages du jeu" choisissez "importations"; augmentez le nombre de ports à 10 et 10 et définissez la qualité des produits d'importation à "forte". Faites "OK", puis fixez le menu "Tempo" à "Maximum" et regardez ce qui se passe: les sociétés qui s'en sortent le mieux sont celles qui n'ont que des grands magasins. Vous avez le modèle d'un pays où on ne parvient à rentabiliser que la distribution, tandis que les usines ne sont pas viables, sauf frais de recherche et développement coûteux ou marques fortes. C'est un peu l'Europe aujourd'hui où les produits importés sont trop attractifs et ruinent les manufactures locales.
mardi 6 mars 2012
La fuite des capitaux en Europe
Le Spiegel fournit des chiffres précis et des graphiques sur l'ampleur et le sens de la fuite des capitaux en Europe dans cet excellent article en anglais (trad. auto. en français).
La motivation essentielle à ces mouvements d'argent importants serait la crainte qu'un pays sorte de la zone euro et réintroduise une monnaie nationale. Les avoirs locaux seraient alors convertis de façon obligatoire dans la nouvelle monnaie, et perdraient de la valeur à cause de la dévaluation probable de la nouvelle monnaie par rapport à l'euro.
Cette fuite des capitaux s'apparente quelque peu à une panique bancaire au ralenti (bank run). Elle accroît les déséquilibres du système TARGET2. Les opérations de refinancement de la BCE (LTRO) sont supposés rétablir la confiance et ainsi réduire l'importance de ces transferts d'argent.
La France est concernée aussi comme le montre cet article du Telegraph en anglais (trad. auto. en français). Dans le cas de la France, il s'agirait de la fuite d'avoirs étrangers inquiets de l'exposition des banques françaises à la dette italienne. Ces mouvements endetteraient le pays vis à vis de TARGET. Cependant les européens du sud semblent considérer un avoir dans les banques françaises comme une sécurité relative à ce jour.
La connaissance de ces mouvements représente un tableau de bord précieux pour évaluer les risques et prédire les difficultés futures du système.
La motivation essentielle à ces mouvements d'argent importants serait la crainte qu'un pays sorte de la zone euro et réintroduise une monnaie nationale. Les avoirs locaux seraient alors convertis de façon obligatoire dans la nouvelle monnaie, et perdraient de la valeur à cause de la dévaluation probable de la nouvelle monnaie par rapport à l'euro.
Cette fuite des capitaux s'apparente quelque peu à une panique bancaire au ralenti (bank run). Elle accroît les déséquilibres du système TARGET2. Les opérations de refinancement de la BCE (LTRO) sont supposés rétablir la confiance et ainsi réduire l'importance de ces transferts d'argent.
La France est concernée aussi comme le montre cet article du Telegraph en anglais (trad. auto. en français). Dans le cas de la France, il s'agirait de la fuite d'avoirs étrangers inquiets de l'exposition des banques françaises à la dette italienne. Ces mouvements endetteraient le pays vis à vis de TARGET. Cependant les européens du sud semblent considérer un avoir dans les banques françaises comme une sécurité relative à ce jour.
La connaissance de ces mouvements représente un tableau de bord précieux pour évaluer les risques et prédire les difficultés futures du système.
lundi 5 mars 2012
LTRO deuxième
LTRO pour "Long Term Refinancing Operation".
Nom de code: "la grosse Bertha".
La Banque Centrale Européenne s'est engagée dans une pratique exceptionnelle de refinancement à long terme des banques de la zone euro.
La première opération de LTRO menée le 21/décembre 2011 a prêté 489 milliards d'euros à 523 banques de la zone. Il s'agit de prêts à trois ans au taux très favorable de 1%.
La seconde opération datée du 29 février 2012 a prêté 529 milliards d'euros à environ 800 banques (chaque banque choisit de rendre publique ou non la somme qu'elle a emprunté).
L'argument pour ces opérations est que la BCE est en charge de la stabilité financière de la zone.
Un des objectifs poursuivis par la BCE serait de soulager les banques vis à vis de leurs échéances de refinancement et de leur permettre de constituer des provisions, et ainsi d'améliorer leur santé financière.
Un second objectif serait peut-être de favoriser l'achat d'emprunts des états en difficulté de la zone par les banques auxquelles elle prête, techniquement en les incitant à réaliser un "carry trade" (emprunter à taux bas pour placer à un taux plus rémunérateur).
Finalement, un troisième objectif serait d'aider ces banques, et notamment les banques de taille petite et moyenne à prêter de nouveau aux PME.
Ces opérations sont une nouveauté par leur durée. Elles sont réalisées en assouplissant les règles concernant les collatéraux exigés pour l'octroi des prêts.
Si le président de la BCE s'estime "relativement satisfait" de cette seconde opération, il estime que le tableau s'est "beaucoup amélioré depuis novembre" mais reste "très fragile" à cause des incertitudes, en Europe mais aussi dans le monde.
Ecouter l'interview de Mario Draghi sur Bloomberg (en anglais).
Forum de BFM en français
Article de The economist en anglais (trad. auto. en français)
Nom de code: "la grosse Bertha".
La Banque Centrale Européenne s'est engagée dans une pratique exceptionnelle de refinancement à long terme des banques de la zone euro.
La première opération de LTRO menée le 21/décembre 2011 a prêté 489 milliards d'euros à 523 banques de la zone. Il s'agit de prêts à trois ans au taux très favorable de 1%.
La seconde opération datée du 29 février 2012 a prêté 529 milliards d'euros à environ 800 banques (chaque banque choisit de rendre publique ou non la somme qu'elle a emprunté).
L'argument pour ces opérations est que la BCE est en charge de la stabilité financière de la zone.
Un des objectifs poursuivis par la BCE serait de soulager les banques vis à vis de leurs échéances de refinancement et de leur permettre de constituer des provisions, et ainsi d'améliorer leur santé financière.
Un second objectif serait peut-être de favoriser l'achat d'emprunts des états en difficulté de la zone par les banques auxquelles elle prête, techniquement en les incitant à réaliser un "carry trade" (emprunter à taux bas pour placer à un taux plus rémunérateur).
Finalement, un troisième objectif serait d'aider ces banques, et notamment les banques de taille petite et moyenne à prêter de nouveau aux PME.
Ces opérations sont une nouveauté par leur durée. Elles sont réalisées en assouplissant les règles concernant les collatéraux exigés pour l'octroi des prêts.
Si le président de la BCE s'estime "relativement satisfait" de cette seconde opération, il estime que le tableau s'est "beaucoup amélioré depuis novembre" mais reste "très fragile" à cause des incertitudes, en Europe mais aussi dans le monde.
Ecouter l'interview de Mario Draghi sur Bloomberg (en anglais).
Forum de BFM en français
Article de The economist en anglais (trad. auto. en français)
jeudi 23 février 2012
TARGET2, la bombe à retardement
Opinion.
TARGET pour Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system, Version 2.
Sujet technique difficile, mais incontournable: c'est une clé pour comprendre le problème d'ingénierie de l'euro .
L'Eurozone est un système de banques centrales. Les achats d'un pays à l'autre doivent se traduire par des transferts entre les banques centrales du système. C'est ce que fait le TARGET: il s'agit d'une chambre de compensation.
Les banques dans chaque pays disposent d'un compte auprès de leur banque centrale. Les banques sont tenues de conserver des "réserves" auprès de leur banque centrale, qui doivent être d'au moins 2% des dépôts que les clients leur confient. Ces réserves sont échangées au jour le jour sur le marché inter-bancaire, à un taux qui est le taux de refinancement déterminé par la BCE.
Les banques mal en point assurent leurs emprunts sur ce marché en gageant des collatéraux comme des obligations garanties par l'état. La banque centrale prête aussi aux banques et requiert des collatéraux.
Le problème vient de la valeur des collatéraux: Les banques centrales (et la BCE) acceptent comme collatéral les obligations d'état douteuses, comme les grecques récemment, ce qui rend les banques des pays en difficulté gros emprunteurs auprès d'elles. Du coup, les banques centrales de ces pays s'endettent d'autant auprès de TARGET, tandis que les banques centrales des pays exportateurs, comme l'Allemagne, se désendettent d'autant. Ce déséquilibre résulte des achats internationaux, mais aussi de la fuite des capitaux.
Résultat: Début 2012, vis à vis de TARGET, l'Allemagne, c.à.d. la Bundesbank, est créditrice de plus de 500 milliards d'euros dont les pays en difficulté de la zone sont débiteurs. Il s'agit d'un mécanisme de transfert incontrôlé, d'une erreur d'ingénierie du système, qui met en danger sa survie. Conséquence: la Bundesbank ne prête plus aux banques allemandes. Ce système n'est pas tenable sans que soit pris en compte au moins la qualité des collatéraux, ce qui limiterait la ponction.
Ainsi via TARGET, la BCE transfère l'argent de façon incontrôlée et non assumée, un rôle politique pour lequel elle n'a aucun mandat. Si j'ai bien compris, à un moment donné, au gré des restructurations de dettes européennes, le risque de sortie de l'euro d'un état va faire que les 500 milliards d'euros et plus ne seront pas garantis correctement. Il faudra aussi refinancer la BCE et les fonds de stabilisation. Les banques centrales vont devoir contribuer dans la mesure de leur capacité d'emprunt sur les marchés internationaux, entamer leurs réserves en or et devises et les gouvernements devront accroître la pression fiscale. Les règles prévues sur le papier pour le partage des pertes et le refinancement entre banques centrales ne seront probablement pas applicables, c'est dire qu'au bout du compte, le contribuable allemand risque de devoir supporter la plus grosse partie de l'affaire, avec des conséquences politiques imprévisibles.
Le timing de cette bombe à retardement est difficile à apprécier. Mais le danger croît avec le temps et la taille des pays menacés de faire défaut, dans un environnement difficile.
Pire, les LTRO (opérations à long terme de refinancement), c.à.d. les prêts à 3 ans que la BCE propose maintenant aux banques en acceptant des collatéraux variés, dans le but de faire baisser les taux des emprunts d'état, ces LTRO aggravent les mêmes déséquilibres et sapent davantage le système. Si on compare cet assouplissement avec ce que fait la réserve fédérale US, on pourrait juger que la FED achète des bons du trésor, alors que la BCE achète un peu n'importe quoi, en comptant sur cette bonne vielle Bundesbank pour régler l'ardoise, un jour.
D'ici à parler d'une conspiration des anciens de Goldman Sachs que sont Mario Monti et Mario Draghi, une banque que l'on soupçonne d'avoir participé au maquillage des comptes grecs, il n'y a qu'un pas que certains franchissent, un peu vite probablement.
Il ne faut pas attendre que les financiers exposent et sanctionnent nos erreurs. Nous devrions mettre à plat les déséquilibres, corriger les erreurs de conception, contrôler et redéfinir les pratiques de la BCE.
Dans tous les cas, il me semble indispensable de préparer un scénario pour permettre aux pays qui le choisiraient de quitter l'euro dans l'ordre, et assurer tout le système vis à vis de cette éventualité.
Est-ce que l'euro ne suit pas le schéma typique d'une escroquerie au projet ? soutirer le maximum à un naïf sur sa participation à un projet sans avenir, en profitant qu'il aurait trop à perdre pour sortir de l'arnaque, et puis disparaître quand le pigeon est ruiné. Souhaitons que l'euro ne soit pas un tel projet, que les contribuables européens n'en soient pas les victimes, que la BCE n'en soit pas l'instrument et que certains cercles financiers n'en soient pas les bénéficiaires, quand, au dernier moment, les pays quitteront la zone euro, feront défaut et dénonceront les traités. Cependant les souhaits sont insuffisants: nous devons nous préparer au pire.
Lire: Article du Frankfurter Allgemeine par Philip Plickert fév. 2012 en allemand
(trad. auto. en anglais) (trad.auto en français)
Le blog Sober Look: les LTRO fév. 2012 en anglais, (trad. auto. en français)
et Sober Look les déséquilibres TARGET jan. 2012 en anglais (trad. auto. en français)
Sur Goldman Sachs et le maquillage grec: Article Bloomberg 5 mars 2012 (trad. auto. en français)
Article Journal Le Monde nov. 2011
Henri Lepage sur Institut Turgot, TARGET et euro, le jeux sont faits (nov. 2011)
"TARGET2 Unlimited" par José M. Abad, Axel Löffler and Holger Zemanek (juillet 2011 PDF en anglais)
et le blog de RebelEconomist (en anglais)
(trad. auto. en français)
TARGET pour Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system, Version 2.
Sujet technique difficile, mais incontournable: c'est une clé pour comprendre le problème d'ingénierie de l'euro .
L'Eurozone est un système de banques centrales. Les achats d'un pays à l'autre doivent se traduire par des transferts entre les banques centrales du système. C'est ce que fait le TARGET: il s'agit d'une chambre de compensation.
Les banques dans chaque pays disposent d'un compte auprès de leur banque centrale. Les banques sont tenues de conserver des "réserves" auprès de leur banque centrale, qui doivent être d'au moins 2% des dépôts que les clients leur confient. Ces réserves sont échangées au jour le jour sur le marché inter-bancaire, à un taux qui est le taux de refinancement déterminé par la BCE.
Les banques mal en point assurent leurs emprunts sur ce marché en gageant des collatéraux comme des obligations garanties par l'état. La banque centrale prête aussi aux banques et requiert des collatéraux.
Le problème vient de la valeur des collatéraux: Les banques centrales (et la BCE) acceptent comme collatéral les obligations d'état douteuses, comme les grecques récemment, ce qui rend les banques des pays en difficulté gros emprunteurs auprès d'elles. Du coup, les banques centrales de ces pays s'endettent d'autant auprès de TARGET, tandis que les banques centrales des pays exportateurs, comme l'Allemagne, se désendettent d'autant. Ce déséquilibre résulte des achats internationaux, mais aussi de la fuite des capitaux.
Résultat: Début 2012, vis à vis de TARGET, l'Allemagne, c.à.d. la Bundesbank, est créditrice de plus de 500 milliards d'euros dont les pays en difficulté de la zone sont débiteurs. Il s'agit d'un mécanisme de transfert incontrôlé, d'une erreur d'ingénierie du système, qui met en danger sa survie. Conséquence: la Bundesbank ne prête plus aux banques allemandes. Ce système n'est pas tenable sans que soit pris en compte au moins la qualité des collatéraux, ce qui limiterait la ponction.
Ainsi via TARGET, la BCE transfère l'argent de façon incontrôlée et non assumée, un rôle politique pour lequel elle n'a aucun mandat. Si j'ai bien compris, à un moment donné, au gré des restructurations de dettes européennes, le risque de sortie de l'euro d'un état va faire que les 500 milliards d'euros et plus ne seront pas garantis correctement. Il faudra aussi refinancer la BCE et les fonds de stabilisation. Les banques centrales vont devoir contribuer dans la mesure de leur capacité d'emprunt sur les marchés internationaux, entamer leurs réserves en or et devises et les gouvernements devront accroître la pression fiscale. Les règles prévues sur le papier pour le partage des pertes et le refinancement entre banques centrales ne seront probablement pas applicables, c'est dire qu'au bout du compte, le contribuable allemand risque de devoir supporter la plus grosse partie de l'affaire, avec des conséquences politiques imprévisibles.
Le timing de cette bombe à retardement est difficile à apprécier. Mais le danger croît avec le temps et la taille des pays menacés de faire défaut, dans un environnement difficile.
Pire, les LTRO (opérations à long terme de refinancement), c.à.d. les prêts à 3 ans que la BCE propose maintenant aux banques en acceptant des collatéraux variés, dans le but de faire baisser les taux des emprunts d'état, ces LTRO aggravent les mêmes déséquilibres et sapent davantage le système. Si on compare cet assouplissement avec ce que fait la réserve fédérale US, on pourrait juger que la FED achète des bons du trésor, alors que la BCE achète un peu n'importe quoi, en comptant sur cette bonne vielle Bundesbank pour régler l'ardoise, un jour.
D'ici à parler d'une conspiration des anciens de Goldman Sachs que sont Mario Monti et Mario Draghi, une banque que l'on soupçonne d'avoir participé au maquillage des comptes grecs, il n'y a qu'un pas que certains franchissent, un peu vite probablement.
Il ne faut pas attendre que les financiers exposent et sanctionnent nos erreurs. Nous devrions mettre à plat les déséquilibres, corriger les erreurs de conception, contrôler et redéfinir les pratiques de la BCE.
Dans tous les cas, il me semble indispensable de préparer un scénario pour permettre aux pays qui le choisiraient de quitter l'euro dans l'ordre, et assurer tout le système vis à vis de cette éventualité.
Est-ce que l'euro ne suit pas le schéma typique d'une escroquerie au projet ? soutirer le maximum à un naïf sur sa participation à un projet sans avenir, en profitant qu'il aurait trop à perdre pour sortir de l'arnaque, et puis disparaître quand le pigeon est ruiné. Souhaitons que l'euro ne soit pas un tel projet, que les contribuables européens n'en soient pas les victimes, que la BCE n'en soit pas l'instrument et que certains cercles financiers n'en soient pas les bénéficiaires, quand, au dernier moment, les pays quitteront la zone euro, feront défaut et dénonceront les traités. Cependant les souhaits sont insuffisants: nous devons nous préparer au pire.
Lire: Article du Frankfurter Allgemeine par Philip Plickert fév. 2012 en allemand
(trad. auto. en anglais) (trad.auto en français)
Le blog Sober Look: les LTRO fév. 2012 en anglais, (trad. auto. en français)
et Sober Look les déséquilibres TARGET jan. 2012 en anglais (trad. auto. en français)
Sur Goldman Sachs et le maquillage grec: Article Bloomberg 5 mars 2012 (trad. auto. en français)
Article Journal Le Monde nov. 2011
Henri Lepage sur Institut Turgot, TARGET et euro, le jeux sont faits (nov. 2011)
"TARGET2 Unlimited" par José M. Abad, Axel Löffler and Holger Zemanek (juillet 2011 PDF en anglais)
et le blog de RebelEconomist (en anglais)
(trad. auto. en français)
lundi 20 février 2012
Lettre ouverte aux députés européens: Sauvez la France, faites l'Europe, maintenant !
Madame, Monsieur le député européen,
La plupart des économistes s'accordent à dire que la crise de l'euro résulte d'une erreur dans la construction européenne: On a fait une monnaie sans état, on a fait l'euro sans faire l'Europe, en d'autres termes, on a mis la charrue avant les boeufs.
J'en déduis qu'il n'y a qu'un moyen de donner de la substance à la monnaie unique et de prévenir le chaos social qui résulterait de la faillite des états membres: C'est de nommer un gouvernement fédéral européen en charge de la fiscalité et capable de garantir la protection des personnes et des biens.
N'attendez pas de la BCE qu'elle prenne en charge de sauver les pays endettés: ce n'est pas son rôle, ce n'est pas sa compétence. Axel Weber et Jurgen Stark ont démissionné: ils ont raison, et leurs remplaçants ne font que gagner du temps par des tours de passe-passe, qui, leur effet épuisé, reviendront frapper les finances des états membres avec la force d'un boomerang. Au contraire, c'est un rôle politique, c'est le rôle d'un gouvernement fédéral.
N'incriminez pas les marchés financiers ou les agences de notation dans les malheurs de l'euro: On ne tue pas les messagers parce qu'ils apportent des mauvaises nouvelles. Au contraire, on comprend et on assume ses erreurs afin de mettre en oeuvre des solutions.
A Davos la crise de l'euro était comparée à un accident ferroviaire au ralenti et à une bombe à retardement. Pensons plutôt aux pionniers dans un film de western qui doivent franchir un fleuve à gué avec des wagons. Que fait-on quand on est au milieu du gué, là où le courant est fort? Est-ce que se retourne pour contempler avec regret la rive qu'on vient de quitter? Est qu'on fait une pause pique-nique, est-ce qu'on entame une belote? Non, on avance résolument, on prend pied sur l'autre rive, on lance une corde pour haler les équipages qui perdraient pied. La construction européenne, c'est la même chose. Pour avoir la force de tirer de l'ornière les pays menacés de faillite, il faut un gouvernement fédéral européen.
Nous avons un traité qui abdique la souveraineté de chaque état. Nous avons un parlement européen élu, mais qui n'a pas l'initiative en matière judiciaire. Une commission faite de 27 membres avec présidence tournante donc inconsistante. Un conseil de l'union qui rassemble des ministres sur une présidence tournante, tout autant inconsistante. Les institutions européennes n'ont pas de substance, et quand les pays étrangers s'adressent à l'Europe, ils téléphonent en fait à la chancelière allemande et au président français. Le parlement européen réalise-il la gravité de la crise de l'euro. Agit-il concrètement ?
N'attendons pas que nos états soient ruinés par l'endettement et sa propagation financière. N'attendons pas qu'ils soient en cessation de paiement, les banques en panique, et les pays plongés dans l'anarchie. A ce moment, l'Europe fédérale paraîtra un secours qu'on a snobé jadis, quand on avait encore le luxe de le faire dans l'ordre au lieu de tergiverser. Ne croyez pas que ce message soit exagéré: la faillite prévisible de l'Italie est au-delà des ressources du système: même la France est menacée, car ses banques sont si lourdement engagées qu'elle ne pourront pas être sauvées.
Je demande à nos élus de reprendre, aujourd'hui, avec détermination, le chantier européen et de le faire avancer. Même les eurosceptiques doivent participer, car ils ne veulent pas voir ruinée à court terme l'économie du pays qu'ils chérissent dans une régression passéiste. Ce n'est pas une question de couleur politique ou d'idéologie, c'est une question de bon sens. Il n'est plus temps de s'interroger. L'heure n'est plus à intégrer de nouveaux membres. Il y a une Europe à construire. C'est un devoir, c'est votre responsabilité, c'est une urgence. Vous êtes le parlement européen. Soyez digne du mandat qui vous a été confié, agissez aux nom de vos électeurs.
Courrier adressé aux députés de la circonscription Nord-Ouest France: Philippe BOULLAND, Hélène FLAUTRE, Jean-Paul GAUZÈS, Estelle GRELIER, Jacky HÉNIN, Corinne LEPAGE, Marine LE PEN, Gilles PARGNEAUX, Dominique RIQUET, Tokia SAÏFI.
(J'invite tout lecteur à écrire de même à ses députés européens, dont l'adresse peut être trouvée sur le site du parlement européen, suivant ce lien.http://www.europarl.europa.eu/meps/fr/performsearch.html . Le présent article peut être recopié librement)
La plupart des économistes s'accordent à dire que la crise de l'euro résulte d'une erreur dans la construction européenne: On a fait une monnaie sans état, on a fait l'euro sans faire l'Europe, en d'autres termes, on a mis la charrue avant les boeufs.
J'en déduis qu'il n'y a qu'un moyen de donner de la substance à la monnaie unique et de prévenir le chaos social qui résulterait de la faillite des états membres: C'est de nommer un gouvernement fédéral européen en charge de la fiscalité et capable de garantir la protection des personnes et des biens.
N'attendez pas de la BCE qu'elle prenne en charge de sauver les pays endettés: ce n'est pas son rôle, ce n'est pas sa compétence. Axel Weber et Jurgen Stark ont démissionné: ils ont raison, et leurs remplaçants ne font que gagner du temps par des tours de passe-passe, qui, leur effet épuisé, reviendront frapper les finances des états membres avec la force d'un boomerang. Au contraire, c'est un rôle politique, c'est le rôle d'un gouvernement fédéral.
N'incriminez pas les marchés financiers ou les agences de notation dans les malheurs de l'euro: On ne tue pas les messagers parce qu'ils apportent des mauvaises nouvelles. Au contraire, on comprend et on assume ses erreurs afin de mettre en oeuvre des solutions.
A Davos la crise de l'euro était comparée à un accident ferroviaire au ralenti et à une bombe à retardement. Pensons plutôt aux pionniers dans un film de western qui doivent franchir un fleuve à gué avec des wagons. Que fait-on quand on est au milieu du gué, là où le courant est fort? Est-ce que se retourne pour contempler avec regret la rive qu'on vient de quitter? Est qu'on fait une pause pique-nique, est-ce qu'on entame une belote? Non, on avance résolument, on prend pied sur l'autre rive, on lance une corde pour haler les équipages qui perdraient pied. La construction européenne, c'est la même chose. Pour avoir la force de tirer de l'ornière les pays menacés de faillite, il faut un gouvernement fédéral européen.
Nous avons un traité qui abdique la souveraineté de chaque état. Nous avons un parlement européen élu, mais qui n'a pas l'initiative en matière judiciaire. Une commission faite de 27 membres avec présidence tournante donc inconsistante. Un conseil de l'union qui rassemble des ministres sur une présidence tournante, tout autant inconsistante. Les institutions européennes n'ont pas de substance, et quand les pays étrangers s'adressent à l'Europe, ils téléphonent en fait à la chancelière allemande et au président français. Le parlement européen réalise-il la gravité de la crise de l'euro. Agit-il concrètement ?
N'attendons pas que nos états soient ruinés par l'endettement et sa propagation financière. N'attendons pas qu'ils soient en cessation de paiement, les banques en panique, et les pays plongés dans l'anarchie. A ce moment, l'Europe fédérale paraîtra un secours qu'on a snobé jadis, quand on avait encore le luxe de le faire dans l'ordre au lieu de tergiverser. Ne croyez pas que ce message soit exagéré: la faillite prévisible de l'Italie est au-delà des ressources du système: même la France est menacée, car ses banques sont si lourdement engagées qu'elle ne pourront pas être sauvées.
Je demande à nos élus de reprendre, aujourd'hui, avec détermination, le chantier européen et de le faire avancer. Même les eurosceptiques doivent participer, car ils ne veulent pas voir ruinée à court terme l'économie du pays qu'ils chérissent dans une régression passéiste. Ce n'est pas une question de couleur politique ou d'idéologie, c'est une question de bon sens. Il n'est plus temps de s'interroger. L'heure n'est plus à intégrer de nouveaux membres. Il y a une Europe à construire. C'est un devoir, c'est votre responsabilité, c'est une urgence. Vous êtes le parlement européen. Soyez digne du mandat qui vous a été confié, agissez aux nom de vos électeurs.
Courrier adressé aux députés de la circonscription Nord-Ouest France: Philippe BOULLAND, Hélène FLAUTRE, Jean-Paul GAUZÈS, Estelle GRELIER, Jacky HÉNIN, Corinne LEPAGE, Marine LE PEN, Gilles PARGNEAUX, Dominique RIQUET, Tokia SAÏFI.
(J'invite tout lecteur à écrire de même à ses députés européens, dont l'adresse peut être trouvée sur le site du parlement européen, suivant ce lien.http://www.europarl.europa.eu/meps/fr/performsearch.html . Le présent article peut être recopié librement)
mardi 14 février 2012
Moody's abaisse à son tour les notes européennes
L'agence Moody's abaisse six notes de dettes souveraines européennes et trois perspectives.
Rapport ici: http://www.moodys.com/research/Moodys-adjusts-ratings-of-9-European-sovereigns-to-capture-downside--PR_237716
Le message de l'agence:
- Incertitude sur les perspectives de réformes institutionnelles de la zone euro en matière de cadre fiscal et économique. Incertitude sur les ressources disponibles pour faire face à la crise.
- Faiblesse des perspectives macro-économiques européennes, qui menacent la mise en oeuvre des politiques d'austérité et les réformes qui accroîtraient la compétitivité.
- Faiblesse persistante de la confiance des marchés à cause de ces facteurs, avec un risque élevé de nouveaux chocs sur les conditions de financement des états et des banques.
Moody's prend acte de l'engagement des autorités européennes à préserver l'union monétaire et à implémenter les réformes nécessaires pour restaurer la confiance des marchés: mise en place d'un cadre de planification et de contrôle fiscal et des mesures destinées à limiter la contagion.
Si j'interprète correctement ce message: Les engagements pris ne sont pas suffisants: il faut réaliser concrètement l'union fiscale et garantir la période de transition.
Mais j'ajouterai qu'il y a juste un petit problème que l'agence n'a pas relevé: les "autorités européennes", cela n'existe pas: le gouvernement européen n'existe pas. Voilà ce qu'il faudrait construire, et c'est urgent: Il s'agirait de sauver l'euro, et l'Europe, maintenant.
Rapport ici: http://www.moodys.com/research/Moodys-adjusts-ratings-of-9-European-sovereigns-to-capture-downside--PR_237716
Le message de l'agence:
- Incertitude sur les perspectives de réformes institutionnelles de la zone euro en matière de cadre fiscal et économique. Incertitude sur les ressources disponibles pour faire face à la crise.
- Faiblesse des perspectives macro-économiques européennes, qui menacent la mise en oeuvre des politiques d'austérité et les réformes qui accroîtraient la compétitivité.
- Faiblesse persistante de la confiance des marchés à cause de ces facteurs, avec un risque élevé de nouveaux chocs sur les conditions de financement des états et des banques.
Moody's prend acte de l'engagement des autorités européennes à préserver l'union monétaire et à implémenter les réformes nécessaires pour restaurer la confiance des marchés: mise en place d'un cadre de planification et de contrôle fiscal et des mesures destinées à limiter la contagion.
Si j'interprète correctement ce message: Les engagements pris ne sont pas suffisants: il faut réaliser concrètement l'union fiscale et garantir la période de transition.
Mais j'ajouterai qu'il y a juste un petit problème que l'agence n'a pas relevé: les "autorités européennes", cela n'existe pas: le gouvernement européen n'existe pas. Voilà ce qu'il faudrait construire, et c'est urgent: Il s'agirait de sauver l'euro, et l'Europe, maintenant.
vendredi 10 février 2012
Euro: l'erreur d'ingénierie
Opinion: l'euro est une erreur d'ingénierie.
Rappel: Le traité de Maastricht signé en 1992 établissait le statut de la future BCE et du Système Européen des Banques Centrales. Le choix politique d'intégrer ou non la zone euro a été fait en 1998, sous réserve que le pays remplisse les critères dits de convergence, et d'autre pays ont rejoint plus tard le groupe initial (la Grèce en 2000).
Les pays de l'eurozone reconnaissent l'autorité de l'eurosystème, constitué de la BCE et des banques centrales participantes. Le pendant politique à ce système se limite à la réunion mensuelle et informelle des ministres des finances des états membres connu sous le nom d'eurogroupe. C'est dans cette insuffisance que réside l'erreur d'ingénierie du système. C'est pour cela que le système de l'euro est menacé d'implosion. L'euro est une monnaie fiduciaire sans état, et tout simplement, cela ne semble pas vouloir fonctionner.
Seconde erreur d'ingénierie: la confusion entre union européenne et eurozone. Partager une même monnaie supposait une intégration budgétaire beaucoup plus poussée que l'adhésion à l'union européenne. Il aurait fallu ratifier un traité de l'eurozone spécifique. Ainsi le pacte de stabilité et de croissance concerne l'union européenne et ne convient pas à la zone euro: il n'a pas été respecté.
Troisième erreur d'ingénierie: Dans ce traité de l'eurozone, il fallait des clauses précises prévoyant la sortie de l'eurozone pour un pays qui le souhaiterait. Il fallait aussi repréciser les modalités d'un choix qui engageait chaque citoyen afin d'assurer que ce choix soit démocratiquement valide.
Cette erreur d'ingénierie est idéologique: Les artisans ne voulaient pas d'une Europe "à la carte", et c'est pourtant ce que les peuples ont choisi. Les artisans voulaient "forcer" l'Europe à se constituer politiquement en commençant par la monnaie unique. Cela ne semble pas marcher. En démocratie, les peuples vont à leur rythme, on ne peut pas les forcer à avancer. Et de fait, la construction européenne s'est faite dans une régression de la démocratie: instances non élues, technocratie.
On pourrait dire que des technocrates incompétents en matière financière ont confisqué la décision au mépris de la volonté des peuples européens eux-mêmes. On voulait l'Europe pour avoir une meilleure démocratie, on a eu une Europe de la dictature des technocrates. Les allemands n'ont pas été consultés pour l'euro, car ils auraient dit non, et les français seulement pour Maastricht et de justesse. Mais souvenons-nous de l'enthousiasme collectif à voir se concrétiser cette grande idée européenne avec les nouveaux billets: la facture du romantisme passé nous parait bien salée aujourd'hui.
Maintenant on a un énorme monstre en roue libre, la BCE, qui rachète des obligations pourries et pratique l'assouplissement quantitatif de façon plus ou moins opaque. Ce monstre ne laisse pas s'échapper ses proies: Ses crochets sont les traités européens, conçus pour être à sens unique. Le risque est qu'un vote populiste n'écarte les eurocrates du pouvoir: des pays ruinés et déstabilisés sortiraient alors de façon anarchique de la dépouille du monstre. Voilà du moins une perspective qu'il est prudent de se préparer à affronter.
Qui peut agir? L'Allemagne doit considérer l'entreprise dans laquelle elle s'est engagée dans toute sa dimension. Et choisir de l'assumer pleinement ou bien encore de tuer l'euro avant qu'il ne nous ruine tous. L'Allemagne pourrait reconsidérer ses engagements envers la BCE et réintroduire le DM. Si elle fait cela, le plus tôt serait le mieux.
Pour l'étranger, l'euro est comme le deutsche mark. Sans l'Allemagne, la nasse ne se serait pas constituée. Il y a un parallèle entre la façon dont l'Allemagne a intégré la RDA en 1990, en imposant une parité monétaire aberrante avec le mark de l'est, et la façon dont l'union monétaire européenne a été réalisée. Même maladresse, même effort considérable assumé sans trop de considération pour ses voisins. Mais ce que l'Allemagne a réussi à faire avec la RDA, ne semble pas réalisable avec l'eurozone, pas sans intégration politique. Erreur de stratégie.
Cette erreur a un coût pour l'Allemagne: ce coût est la signature de la Bundesbank. Un prémisse de ce coût est dans la démission d'Axel Weber de la présidence de la Bundesbank et du conseil de gouvernement de la BCE en avril 2011. Quelles que soient les raisons du départ de cet économiste compétent, le système y perd en crédibilité. Un autre économiste, Jurgen Stark, démissionne de la BCE en septembre 2011. Mon sentiment est que ces deux hommes quittent un système qui se déshonore par une politique irresponsable. Avec leur départ, on peut dire que l'euro n'est plus le deutsche mark, mais une sorte de zombie, tellement énorme et internationalisé qu'il ne va pas se dégonfler d'un coup mais plutôt faire illusion et sucer la moëlle de ses victimes hypnotisées pendant encore un certain temps.
La valeur d'une monnaie papier, d'une monnaie fiduciare comme l'euro, c'est la confiance que les investisseurs lui accordent. Cette confiance ne repose pas seulement sur l'économie, elle repose sur l'entité que la monnaie représente. Si cette entité sonne creux, si elle est constituée d'un accord politique fragile, si elle n'assume pas ses responsabilités ou si elle menace de se désagréger, alors la monnaie n'a guère de substance: est-ce que ce billet papier saura protéger mes économies?
C'est comme si l'histoire se répétait à l'envers: ce ne sont plus les réparations que l'Europe d'après 14-18 imposait à l'Allemagne et qui ont détruit le mark de Weimar, mais cette fois l'erreur d'ingénierie collective d'avoir créé une monnaie faite de bureaucratie et de belles déclarations, où l'on prend ses désirs pour des réalités, afin de satisfaire un rêve européen, et qui semble destinée à ruiner peu à peu la majeure partie de l'Europe.
Enivrés par l'air des cîmes, nos technocrates se sont cru pousser des ailes: à peine sortis de leur petite bulle nationale, ils ont ignoré les avertissements des financiers plus rodés qu'eux; ils ont vendu à leurs peuples un autre Titanic, avec ticket obligatoire vers un naufrage probable sur les récifs de l'Italie: ça va faire mal.
Y-a-t-il un espoir? En finance, on préfère évaluer des risques. Il faudrait que la Grèce devienne l'Allemagne, ou du moins comme une Allemagne de l'Est qui fait des efforts pour être aussi virtueuse et performante que sa voisine. Cela va passer par des troubles sociaux, des émeutes, des crises. C'est un travail, un accouchement long, énorme et dangereux. L'issue en est extraordinairement incertaine. Le monde sera-t-il patient et bienveillant? On aurait pu éviter tout ceci, on aurait du commencer par les européens eux-mêmes.
Rappel: Le traité de Maastricht signé en 1992 établissait le statut de la future BCE et du Système Européen des Banques Centrales. Le choix politique d'intégrer ou non la zone euro a été fait en 1998, sous réserve que le pays remplisse les critères dits de convergence, et d'autre pays ont rejoint plus tard le groupe initial (la Grèce en 2000).
Les pays de l'eurozone reconnaissent l'autorité de l'eurosystème, constitué de la BCE et des banques centrales participantes. Le pendant politique à ce système se limite à la réunion mensuelle et informelle des ministres des finances des états membres connu sous le nom d'eurogroupe. C'est dans cette insuffisance que réside l'erreur d'ingénierie du système. C'est pour cela que le système de l'euro est menacé d'implosion. L'euro est une monnaie fiduciaire sans état, et tout simplement, cela ne semble pas vouloir fonctionner.
Seconde erreur d'ingénierie: la confusion entre union européenne et eurozone. Partager une même monnaie supposait une intégration budgétaire beaucoup plus poussée que l'adhésion à l'union européenne. Il aurait fallu ratifier un traité de l'eurozone spécifique. Ainsi le pacte de stabilité et de croissance concerne l'union européenne et ne convient pas à la zone euro: il n'a pas été respecté.
Troisième erreur d'ingénierie: Dans ce traité de l'eurozone, il fallait des clauses précises prévoyant la sortie de l'eurozone pour un pays qui le souhaiterait. Il fallait aussi repréciser les modalités d'un choix qui engageait chaque citoyen afin d'assurer que ce choix soit démocratiquement valide.
Cette erreur d'ingénierie est idéologique: Les artisans ne voulaient pas d'une Europe "à la carte", et c'est pourtant ce que les peuples ont choisi. Les artisans voulaient "forcer" l'Europe à se constituer politiquement en commençant par la monnaie unique. Cela ne semble pas marcher. En démocratie, les peuples vont à leur rythme, on ne peut pas les forcer à avancer. Et de fait, la construction européenne s'est faite dans une régression de la démocratie: instances non élues, technocratie.
On pourrait dire que des technocrates incompétents en matière financière ont confisqué la décision au mépris de la volonté des peuples européens eux-mêmes. On voulait l'Europe pour avoir une meilleure démocratie, on a eu une Europe de la dictature des technocrates. Les allemands n'ont pas été consultés pour l'euro, car ils auraient dit non, et les français seulement pour Maastricht et de justesse. Mais souvenons-nous de l'enthousiasme collectif à voir se concrétiser cette grande idée européenne avec les nouveaux billets: la facture du romantisme passé nous parait bien salée aujourd'hui.
Maintenant on a un énorme monstre en roue libre, la BCE, qui rachète des obligations pourries et pratique l'assouplissement quantitatif de façon plus ou moins opaque. Ce monstre ne laisse pas s'échapper ses proies: Ses crochets sont les traités européens, conçus pour être à sens unique. Le risque est qu'un vote populiste n'écarte les eurocrates du pouvoir: des pays ruinés et déstabilisés sortiraient alors de façon anarchique de la dépouille du monstre. Voilà du moins une perspective qu'il est prudent de se préparer à affronter.
Qui peut agir? L'Allemagne doit considérer l'entreprise dans laquelle elle s'est engagée dans toute sa dimension. Et choisir de l'assumer pleinement ou bien encore de tuer l'euro avant qu'il ne nous ruine tous. L'Allemagne pourrait reconsidérer ses engagements envers la BCE et réintroduire le DM. Si elle fait cela, le plus tôt serait le mieux.
Pour l'étranger, l'euro est comme le deutsche mark. Sans l'Allemagne, la nasse ne se serait pas constituée. Il y a un parallèle entre la façon dont l'Allemagne a intégré la RDA en 1990, en imposant une parité monétaire aberrante avec le mark de l'est, et la façon dont l'union monétaire européenne a été réalisée. Même maladresse, même effort considérable assumé sans trop de considération pour ses voisins. Mais ce que l'Allemagne a réussi à faire avec la RDA, ne semble pas réalisable avec l'eurozone, pas sans intégration politique. Erreur de stratégie.
Cette erreur a un coût pour l'Allemagne: ce coût est la signature de la Bundesbank. Un prémisse de ce coût est dans la démission d'Axel Weber de la présidence de la Bundesbank et du conseil de gouvernement de la BCE en avril 2011. Quelles que soient les raisons du départ de cet économiste compétent, le système y perd en crédibilité. Un autre économiste, Jurgen Stark, démissionne de la BCE en septembre 2011. Mon sentiment est que ces deux hommes quittent un système qui se déshonore par une politique irresponsable. Avec leur départ, on peut dire que l'euro n'est plus le deutsche mark, mais une sorte de zombie, tellement énorme et internationalisé qu'il ne va pas se dégonfler d'un coup mais plutôt faire illusion et sucer la moëlle de ses victimes hypnotisées pendant encore un certain temps.
La valeur d'une monnaie papier, d'une monnaie fiduciare comme l'euro, c'est la confiance que les investisseurs lui accordent. Cette confiance ne repose pas seulement sur l'économie, elle repose sur l'entité que la monnaie représente. Si cette entité sonne creux, si elle est constituée d'un accord politique fragile, si elle n'assume pas ses responsabilités ou si elle menace de se désagréger, alors la monnaie n'a guère de substance: est-ce que ce billet papier saura protéger mes économies?
C'est comme si l'histoire se répétait à l'envers: ce ne sont plus les réparations que l'Europe d'après 14-18 imposait à l'Allemagne et qui ont détruit le mark de Weimar, mais cette fois l'erreur d'ingénierie collective d'avoir créé une monnaie faite de bureaucratie et de belles déclarations, où l'on prend ses désirs pour des réalités, afin de satisfaire un rêve européen, et qui semble destinée à ruiner peu à peu la majeure partie de l'Europe.
Enivrés par l'air des cîmes, nos technocrates se sont cru pousser des ailes: à peine sortis de leur petite bulle nationale, ils ont ignoré les avertissements des financiers plus rodés qu'eux; ils ont vendu à leurs peuples un autre Titanic, avec ticket obligatoire vers un naufrage probable sur les récifs de l'Italie: ça va faire mal.
Y-a-t-il un espoir? En finance, on préfère évaluer des risques. Il faudrait que la Grèce devienne l'Allemagne, ou du moins comme une Allemagne de l'Est qui fait des efforts pour être aussi virtueuse et performante que sa voisine. Cela va passer par des troubles sociaux, des émeutes, des crises. C'est un travail, un accouchement long, énorme et dangereux. L'issue en est extraordinairement incertaine. Le monde sera-t-il patient et bienveillant? On aurait pu éviter tout ceci, on aurait du commencer par les européens eux-mêmes.
vendredi 3 février 2012
Euro: le pare-feu à Davos
Extraits de discours Davos 2012 (Bloomberg):
Angela Merkel: "Nous avons affirmé depuis le début que assumions la responsabilité pour l'euro. Mais nous ne voulons pas d'une situation où nous promettrions quelque chose que nous ne pourrions pas fournir à la fin."
Christine Lagarde: "Il est critique que les membres de la zone euro développent réellement un pare feu clair et simple qui puisse opérer à la fois afin de limiter la contagion et en second pour fournir une sorte d'acte de confiance dans la zone euro. Ainsi les besoins de financement de cette zone pourront réellement être couverts, si les financiers du monde ne sont plus intéressés par cette zone. Et le second aspect qui va vraiment construire la croissance dans cette zone, est évidemment la compétitivité Et la compétitivité est un facteur très important qui doit être taillé sur-mesure, qui doit être customisé pour chaque pays."
Timothy Geithner: "La seule façon pour l'Europe d'arriver à réussir, à maintenir ceci ensemble, à faire vraiment fonctionner la plus grande partie de l'union, sur le long terme, est pour eux de construire un solide pare-feu...[inintelligible].. Cela va demander un plus large engagement de ressources. Les européens doivent reconnaître cela, et c'est une part du cadre de travail, et ils vont devoir résoudre cela."
Mario Draghi: "Une union fiscale ne peut pas commencer par être une union de transfert: Je paie pour vous, vous dépensez comme vous voulez, nous émettons [des obligations] ensemble. Non. Cela ne marchera pas. Une union fiscale devrait démarrer par des règles qui assurent que chaque pays peut se tenir debout par lui-même."
Nouriel Roubini: "Vous pourriez voir la zone euro comme un accident ferroviaire en déroulement ralenti."
Felipe Calderon:
"Nous avons une bombe à retardement: la bombe est en Europe. Et nous agissons ensemble pour la désactiver avant qu'elle n'explose sur chacun d'entre nous."
Mon opinion:
Madame Merkel semble se réfèrer à une promesse bien précise qu'elle ne nomme pas, qui pourrait bien être la prise en charge de la dette italienne.
Madame Lagarde semble évoquer le risque de retrait des investisseurs internationaux des marchés financiers européens, actions, obligations, et obligations d'état.
J'interprète les propos de Monsieur Geithner comme expliquant la position américaine: on attend que les réalités mettent un terme aux tergiversations européennes (c'est à dire débloquent l'engagement concret allemand, même en cas de défaut italien) pour s'impliquer dans l'affaire.
Monsieur Draghi parle d'une union fiscale: mais cela marchera-t-il mieux que les critères de Maastricht ?
Personnellement, je pense que les cultures s'y opposent: quand les peuples ignorent l'économie, haîssent la finance, et restent plus nationalistes qu'européens, que font les politiques dans une démocratie? Il faudrait des décades pour éduquer et changer les mentalités, en commençant par des cours en anglais à l'école, des classes d'économie... La bombe à retardement n'attendra pas un tel changement, mais l'espoir pourrait venir d'un rebond de l'économie mondiale, (les USA semblent avoir assaini le plus gros de la crise de 2007), d'une dévaluation de l'euro, de l'assouplissement des lois du travail en Europe, des efforts de reconversion, d'exportation vers les nouveaux marchés, et l'assainissement progressif des budgets.
Angela Merkel est la chancelière allemande, Christine Lagarde est Managing Director au FMI, Timothy Geithner est secrétaire au trésor US, Mario Draghi est président de la BCE, Nouriel Roubini est professeur à l'université de New York, Felipe Calderon est le président mexicain.
dimanche 29 janvier 2012
Fitch Ratings abaisse la note de la dette souveraine de 6 pays européens
Fitch Ratings abaisse la note de la dette souveraine de 6 pays européens:
Belgique, Chypre, Irlande, Italie, Slovénie, Espagne. Rapport ici.
Le cauchemar européen continue: Cercle vicieux, contagion.
Il semble impossible d'imaginer la peine collective du chômage que cette crise va engendrer.
Belgique, Chypre, Irlande, Italie, Slovénie, Espagne. Rapport ici.
Le cauchemar européen continue: Cercle vicieux, contagion.
Il semble impossible d'imaginer la peine collective du chômage que cette crise va engendrer.
samedi 28 janvier 2012
Davos 2012
Concernant Davos 2012, les dossiers proposés par Bloomberg sont passionnants:
25-1-2012, 26-1-2012, 27-1-2012
Noter que la crise en Europe est marquée par un chômage en forte augmentation depuis 2010.
La dette italienne est mesurée à 125% du PIB en janvier 2012. La révision des prévisions de l'IMF concernant l'Italie par rapport à septembre 2011 est considérable. L'IMF n'hésite pas à évoquer une restructuration de la dette pour un pays qui ne parviendrait pas à réduire son taux d'endettement sous 120%. Si j'ai bien compris le message de Madame Lagarde, cela veut dire pour l'Italie.
Les taux d'intérêt de la dette de l'état ont commencé à diverger des taux US en 2009 pour l'Italie, et 2 ans plus tard en 2011 pour la France: C'est une mesure importante du délai dont la France dispose avant d'imiter son voisin.
Coté politique, Madame Merkel demande du temps (pour l'élection du président de la république français, je pense).
M. Bernanke invoque le chômage US pour justifier la poursuite d'une politique de rachat d'obligations (comprenez impression de billets) à la réserve fédérale. Son discours me fait penser qu'il s'en excuserait presque, mais imaginez les pressions politiques avec l'élection en novembre. Lire aussi (27-1-2012) les réserves émises par le gouverneur M. Kevin Warsh sur les conséquences négatives à long terme d'une telle politique.
25-1-2012, 26-1-2012, 27-1-2012
Noter que la crise en Europe est marquée par un chômage en forte augmentation depuis 2010.
La dette italienne est mesurée à 125% du PIB en janvier 2012. La révision des prévisions de l'IMF concernant l'Italie par rapport à septembre 2011 est considérable. L'IMF n'hésite pas à évoquer une restructuration de la dette pour un pays qui ne parviendrait pas à réduire son taux d'endettement sous 120%. Si j'ai bien compris le message de Madame Lagarde, cela veut dire pour l'Italie.
Les taux d'intérêt de la dette de l'état ont commencé à diverger des taux US en 2009 pour l'Italie, et 2 ans plus tard en 2011 pour la France: C'est une mesure importante du délai dont la France dispose avant d'imiter son voisin.
Coté politique, Madame Merkel demande du temps (pour l'élection du président de la république français, je pense).
M. Bernanke invoque le chômage US pour justifier la poursuite d'une politique de rachat d'obligations (comprenez impression de billets) à la réserve fédérale. Son discours me fait penser qu'il s'en excuserait presque, mais imaginez les pressions politiques avec l'élection en novembre. Lire aussi (27-1-2012) les réserves émises par le gouverneur M. Kevin Warsh sur les conséquences négatives à long terme d'une telle politique.
vendredi 27 janvier 2012
La crise financière: une mauvaise appréciation de l'inflation
La "crise financière" est cette lente dégradation mondiale de la confiance dans les monnaies et les banques qui s'installe depuis au moins 10 ans.
On pourait dire qu'elle s'est manifestée avec la crise dite des "subprimes" de 2007 qui correspond à l'éclatement d'une bulle financière aux USA. Mais 5 ans après, la crise traîne en longueur et menace de chavirer le bateau Europe.
Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut connaître les objectifs de la Reserve Fédérale américaine:
Je cite: "Emploi maximum, prix stables et taux d'intérêts à long terme modérés."
Pour atteindre ses objectifs, cette banque possède un gouvernail: les taux d'intérêts, et un levier rouge qui est théoriquement interdit, mais qu'on utilise quand le gouvernail est en butée: l'impression de billets.
L'impression de billets est tabou, parce que cela correspond à ruiner la confiance dans la monnaie en diluant sa valeur. C'est pourquoi, on dissimule la pratique sous des noms ésotériques comme "assouplissement quantitatif".
Mon opinion est que la Réserve Fédérale pratique des taux trop bas depuis en gros 2002. Elle a tenté de remonter les taux en 2006, mais ce mouvement a révélé les abus et peut-être déclenché la crise de 2007. Depuis cette date la banque imprime des billets, en pratique.
Je pense que l'erreur fondamentale d'une telle politique est une erreur d'évaluation de l'inflation réelle. En agissant ainsi, la banque ruine la confiance, incite à l'endettement général et nourrit les bulles financières qui déstabilisent l'ensemble de la finance mondiale.
Et les autres banques centrales, me direz-vous ? Elles n'ont pas d'autre choix que d'emboîter le pas à la Fed, et même d'imprimer des billets à leur tour, comme le fait la BCE actuellement. C'est parce qu'un pays ne peut pas supporter de voir sa monnaie s'apprécier fortement contre le dollar, ce qui ruine ses exportations et saborde sa balance commerciale. Les autres banques centrales n'ont en fait qu'une marge de manoeuvre très limitée.
Comprenez bien mon point de vue: il n'y a pas de "complot" américain envers l'Europe. L'amérique a intérêt à ce que ses partenaires soient en bonne santé sur le plan économique. Il y a seulement une erreur humaine d'appréciation économique, et des dogmes économiques figés dans le marbre avec une certaine hypocrisie et une bonne dose d'égoïsme: ainsi la politique du "dollar fort" signifie en fait que l'amérique exploite sa position dominante en matière politique, militaire, financière, technologique pour faire payer l'impôt que constitue la dépréciation des avoirs américains détenus en dollars par l'étranger. Il s'agit d'un impôt de fait, mais un impôt injuste, car il ne donne aucun droit à influencer la politique américaine.
Pourquoi la Fed se trompe-t-elle ?
Pourquoi ces gens sérieux et compétents se trompent-ils ? C'est parce que les modèles employés pour le calcul de l'inflation sont mis en défaut par l'énorme impact d'une globalisation économique brutale. Par exemple, l'essor économique chinois s'est construit en soumettant l'ensemble des industries manufacturières à un dumping implacable, par un coût de la main d'oeuvre inapproprié et au moyen d'une monnaie sous-évaluée.
"Never bet against America" dit l'adage. Grâce à sa souplesse et à sa position dominante, je parie que les états unis d'amérique parviendront à sortir de cette énorme bourrasque économique qui va durer encore le temps que les pays en croissance revalorisent les salaires et ouvrent leurs marchés. Mais l'Europe empêtrée dans une construction laborieuse pourrait bien y laisser sa peau ou du moins sa monnaie...
Comment calcule-t-on l'inflation ?
Supposons de calculer l'inflation sur la valeur d'un lingot d'or: Oh surprise, l'inflation est en moyenne supérieure à 20% l'an depuis 2006. graphique ici. La courbe a une allure exponentielle, donc cette inflation s'aggrave. Calculons l'inflation sur le prix du baril de pétrole: Là encore, nette l'inflation.
Allons voir en Europe: "Il n'y a pas d'inflation" nous dit-on à la BCE. Qui peut m'expliquer alors pourquoi le prix des loyers par rapport aux revenus des locataires augmente tant en France ?
Peut-on sérieusement comparer le prix d'un objet manufacturé localement avec des travailleurs bien payés et des cotisations sociales à jour avec le prix d'un produit fabriqué à l'étranger par une main d'oeuvre plus ou moins exploitée, sans respect de l'environnement et probablement de moins bonne qualité? Non, et c'est pourquoi les chiffres de l'inflation mentent.
Si les décisions des banques centrales se basent sur des indices déconnectés de la réalité, elles errent et aggravent les problèmes. Le chômage US est consécutif à des choix politiques et non économiques: ce n'est pas à une banque centrale de dédouaner les responsables en ruinant sa propre crédibilité.
On pourait dire qu'elle s'est manifestée avec la crise dite des "subprimes" de 2007 qui correspond à l'éclatement d'une bulle financière aux USA. Mais 5 ans après, la crise traîne en longueur et menace de chavirer le bateau Europe.
Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut connaître les objectifs de la Reserve Fédérale américaine:
Je cite: "Emploi maximum, prix stables et taux d'intérêts à long terme modérés."
Pour atteindre ses objectifs, cette banque possède un gouvernail: les taux d'intérêts, et un levier rouge qui est théoriquement interdit, mais qu'on utilise quand le gouvernail est en butée: l'impression de billets.
L'impression de billets est tabou, parce que cela correspond à ruiner la confiance dans la monnaie en diluant sa valeur. C'est pourquoi, on dissimule la pratique sous des noms ésotériques comme "assouplissement quantitatif".
Mon opinion est que la Réserve Fédérale pratique des taux trop bas depuis en gros 2002. Elle a tenté de remonter les taux en 2006, mais ce mouvement a révélé les abus et peut-être déclenché la crise de 2007. Depuis cette date la banque imprime des billets, en pratique.
Je pense que l'erreur fondamentale d'une telle politique est une erreur d'évaluation de l'inflation réelle. En agissant ainsi, la banque ruine la confiance, incite à l'endettement général et nourrit les bulles financières qui déstabilisent l'ensemble de la finance mondiale.
Et les autres banques centrales, me direz-vous ? Elles n'ont pas d'autre choix que d'emboîter le pas à la Fed, et même d'imprimer des billets à leur tour, comme le fait la BCE actuellement. C'est parce qu'un pays ne peut pas supporter de voir sa monnaie s'apprécier fortement contre le dollar, ce qui ruine ses exportations et saborde sa balance commerciale. Les autres banques centrales n'ont en fait qu'une marge de manoeuvre très limitée.
Comprenez bien mon point de vue: il n'y a pas de "complot" américain envers l'Europe. L'amérique a intérêt à ce que ses partenaires soient en bonne santé sur le plan économique. Il y a seulement une erreur humaine d'appréciation économique, et des dogmes économiques figés dans le marbre avec une certaine hypocrisie et une bonne dose d'égoïsme: ainsi la politique du "dollar fort" signifie en fait que l'amérique exploite sa position dominante en matière politique, militaire, financière, technologique pour faire payer l'impôt que constitue la dépréciation des avoirs américains détenus en dollars par l'étranger. Il s'agit d'un impôt de fait, mais un impôt injuste, car il ne donne aucun droit à influencer la politique américaine.
Pourquoi la Fed se trompe-t-elle ?
Pourquoi ces gens sérieux et compétents se trompent-ils ? C'est parce que les modèles employés pour le calcul de l'inflation sont mis en défaut par l'énorme impact d'une globalisation économique brutale. Par exemple, l'essor économique chinois s'est construit en soumettant l'ensemble des industries manufacturières à un dumping implacable, par un coût de la main d'oeuvre inapproprié et au moyen d'une monnaie sous-évaluée.
"Never bet against America" dit l'adage. Grâce à sa souplesse et à sa position dominante, je parie que les états unis d'amérique parviendront à sortir de cette énorme bourrasque économique qui va durer encore le temps que les pays en croissance revalorisent les salaires et ouvrent leurs marchés. Mais l'Europe empêtrée dans une construction laborieuse pourrait bien y laisser sa peau ou du moins sa monnaie...
Comment calcule-t-on l'inflation ?
Supposons de calculer l'inflation sur la valeur d'un lingot d'or: Oh surprise, l'inflation est en moyenne supérieure à 20% l'an depuis 2006. graphique ici. La courbe a une allure exponentielle, donc cette inflation s'aggrave. Calculons l'inflation sur le prix du baril de pétrole: Là encore, nette l'inflation.
Allons voir en Europe: "Il n'y a pas d'inflation" nous dit-on à la BCE. Qui peut m'expliquer alors pourquoi le prix des loyers par rapport aux revenus des locataires augmente tant en France ?
Peut-on sérieusement comparer le prix d'un objet manufacturé localement avec des travailleurs bien payés et des cotisations sociales à jour avec le prix d'un produit fabriqué à l'étranger par une main d'oeuvre plus ou moins exploitée, sans respect de l'environnement et probablement de moins bonne qualité? Non, et c'est pourquoi les chiffres de l'inflation mentent.
Si les décisions des banques centrales se basent sur des indices déconnectés de la réalité, elles errent et aggravent les problèmes. Le chômage US est consécutif à des choix politiques et non économiques: ce n'est pas à une banque centrale de dédouaner les responsables en ruinant sa propre crédibilité.
Bonjour
Bonjour à tous les internautes,
Je démarre ce blog aujourd'hui pour essayer de comprendre les mécanismes de la finance qui vont impacter la vie de tous les européens, et en particulier celle des français.
C'est déjà commencé, on appelle cela la crise financière, la crise de la dette, la crise de l'euro, ainsi la plus grande confusion semble règner dans les esprits quant aux causes de la crise, aux mécanismes impliqués et aux remèdes considérés.
Bien qu'autodidacte en économie et en finances, je souhaite partager mes idées et opinions, et c'est pourquoi je posterai sur ce blog, en référençant le plus possible les articles lisibles sur internet.
La plupart des liens sont en anglais, certains sont en allemand. Pour ceux qui seraient allergiques à la langue de Shakespeare, je propose la traduction automatique de google, qui n'est pas encore très au point, vers le français. Elle donne souvent des résultats amusants, mais vous pouvez contribuer à l'améliorer.
Je démarre ce blog aujourd'hui pour essayer de comprendre les mécanismes de la finance qui vont impacter la vie de tous les européens, et en particulier celle des français.
C'est déjà commencé, on appelle cela la crise financière, la crise de la dette, la crise de l'euro, ainsi la plus grande confusion semble règner dans les esprits quant aux causes de la crise, aux mécanismes impliqués et aux remèdes considérés.
Bien qu'autodidacte en économie et en finances, je souhaite partager mes idées et opinions, et c'est pourquoi je posterai sur ce blog, en référençant le plus possible les articles lisibles sur internet.
La plupart des liens sont en anglais, certains sont en allemand. Pour ceux qui seraient allergiques à la langue de Shakespeare, je propose la traduction automatique de google, qui n'est pas encore très au point, vers le français. Elle donne souvent des résultats amusants, mais vous pouvez contribuer à l'améliorer.
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